Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 6 minutes.

Préserver son environnement, ça s’apprend
J’ai appris dans « La semaine de l’intelligent » du J.A.I. n° 2262 que la Banque mondiale attribuait à Madagascar un pactole de 49 millions de dollars pour la protection de son patrimoine naturel. C’est bien, mais la protection de l’environnement de Madagascar doit passer, avant tout, par la sensibilisation des Malgaches aux richesses naturelles de leur pays et à l’importance de leur sauvegarde. En visitant Madagascar dans les années 1990, j’ai découvert un pays d’une beauté époustouflante doté d’une faune et d’une flore introuvables ailleurs. Madagascar est un ravissement. Mais j’y ai aussi fait quelques constatations amères : les jeunes semblent indifférents à leur environnement, et les Malgaches ont la fâcheuse manie de brûler des pans entiers de forêts en signe de protestation politico-sociale et de défricher les terres à leur gré pour leurs cultures.
Commençons donc par éduquer et sensibiliser la population, surtout les jeunes, à la préservation de l’environnement, afin que les millions de dollars octroyés par la Banque mondiale ne se perdent pas dans… la nature !

Une image erronée de la Tunisie
L’article intitulé « Tunisie, la tentation de l’ordre moral », paru dans le J.A.I. n° 2266, donne une image erronée de la Tunisie, contraire à l’image de modernité, d’ouverture et de tolérance que lui connaissent les millions de visiteurs étrangers qui la visitent. Il appelle de ma part les précisions suivantes :
Une certaine quantité de personnes, en nombre nettement inférieur à ce qui est indiqué par l’auteur de l’article, a effectivement été condamnée, non pas en raison de « motifs futiles ou de gestes innocents », mais bien pour atteintes ostentatoires aux bonnes moeurs dans les lieux publics. Il est en effet impensable que des citoyens puissent être punis pour délit de mixité, dans un pays doté d’une Constitution et de lois qui protègent les libertés individuelles et la vie privée des citoyens, qui s’est illustré pour sa défense des droits de la femme et qui a, depuis longtemps, réalisé la mixité à l’école, au travail et dans les lieux publics. Il convient d’ailleurs de noter, pour votre information, que la majorité des personnes concernées a été libérée depuis par le juge d’application des peines, dans le cadre des prérogatives qui lui sont reconnues par la loi pour les délits mineurs.
S’agissant du projet de loi relatif à la pudeur, aux comportements contraires aux bonnes moeurs et au harcèlement sexuel, et qui est destiné à compléter la législation relative à la promotion des droits de la femme, le ministre de la Justice et des Droits de l’homme a déjà indiqué qu’il sera « précis, exempt d’ambiguïté et respectueux des libertés individuelles et publiques, afin d’éviter toute interprétation erronée de ce nouveau corpus ».

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Avant Mahathir, Abdelkrim
Félicitations pour votre interview du Dr Mahathir. Je me permets de souligner que le précurseur de la résistance face au colonialisme et celui qui servira d’exemple à d’autres grandes figures historiques comme Che Guevara, Ho Chi Minh ou Mao Zedong, est le marocain Abdelkrim el-Khattabi. Son combat contre les armées espagnole et française et pour l’indépendance du Rif a eu un retentissement mondial. Fait prisonnier, il est exilé à la Réunion. En 1947, il s’échappe du navire qui le ramène vers la France et s’installe au Caire où il fonde avec Bourguiba le Comité de libération du Maghreb. Il refuse de retourner au Maroc tant que l’indépendance du Maghreb n’est pas totale. Il meurt finalement au Caire en 1963, à l’âge de 81 ans.
Il parlait la voix de la raison et, quarante ans plus tard, le partenariat des pays du Maghreb qu’il avait tant réclamé, recherché et souhaité est d’actualité. Son histoire n’est pas une simple « épopée ». Abdelkrim était porteur d’un projet de société moderne et évoluée.

Et Aminata Traoré ?
C’est avec le même plaisir sans cesse renouvelé que j’ai dévoré le n° 2264 de notre hebdomadaire, d’autant qu’y figurait un excellent dossier sur le Mali, un pays de femmes et d’hommes courageux. C’est vraiment dans ce magazine et nulle part ailleurs que l’on peut retrouver des articles de cette qualité. Je n’ai qu’un seul regret : que la très dynamique Aminata Traoré n’ait bénéficié que de quelques lignes. Cette femme est un exemple pour toutes les femmes africaines.
Réponse : Aminata Traoré, ancienne ministre de la Culture du Mali et militante altermondialiste, est en effet une des personnalités les plus originales du continent et une femme de conviction. Nous avons déjà publié de nombreux articles sur elle, que vous pouvez retrouver dans les archives de J.A.I. sur notre site Internet : www.lintelligent.com

Bamako s’est embelli
Merci à Francis Kpatindé pour son « Post-scriptum » sur la ville de Bamako (J.A.I. n° 2264), qui contrastait avec l’article écrit il y a quelques mois par votre collaboratrice Fawzia Zouari. Cette dernière n’avait pas trouvé la ville des trois caïmans à son goût. Cela ne se discute pas. C’est dire que Bamako ne laisse personne indifférent.
La capitale du Mali est une ville sale par endroits, polluée et poussiéreuse, mais force est de reconnaître qu’elle a énormément changé. D’une simple bourgade sahélienne durant les vingt-trois ans du règne dictatorial de Moussa Traoré, elle s’est muée en une vraie « ville africaine » ces dix dernières années. Sans bâtiments ostentatoires ou constructions futuristes, la ville se répand en surface plutôt qu’en hauteur et conquiert petit à petit les bidonvilles. Le bitume, la lumière sur les voies publiques, les jardins verts, les bons restaurants, les monuments et les aires de jeu, autrefois denrées rares, sont devenus une banalité. C’est en tout cas l’impression que j’ai eue lors de ma dernière visite en 2002, après une absence de… sept ans !

Centrafrique, ce n’est pas un nom
Lorsque je dis que je suis centrafricain, beaucoup d’étrangers ne comprennent pas d’où je viens, car, dans leur esprit, la Centrafrique signifie l’Afrique centrale et regroupe donc plusieurs pays comme le Congo-Brazzaville, le Cameroun, le Gabon, le Tchad, la Guinée équatoriale… Ne faudrait-il pas donner un autre nom à la République centrafricaine qui, avant l’indépendance en 1958, s’appelait Oubangui-Chari ?

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Enfants du Congo, réveillez-vous !
Il est curieux de constater une recrudescence de rébellions à travers le Congo démocratique, et ce à chaque fois que le pays cherche à s’organiser pour sa souveraineté. La cause de ces événements ne trompe plus personne : les malheurs du Congo font l’affaire des marchands d’armes, des pillards, des pays voisins aux visées expansionnistes et de la mafia internationale. Ressaisissons-nous en joignant nos forces pour que le grand Congo démocratique ne disparaisse pas !

L’Afrique est riche !
L’Occident est aujourd’hui un modèle pour beaucoup d’Africains. Tous les jeunes (et même les moins jeunes) rêvent de s’y installer et d’y vivre à la manière occidentale. Comme si notre Afrique, berceau de l’humanité, n’avait plus aucune valeur. Et pourtant ! Notre continent est riche de chaleur humaine, de solidarité entre les hommes, il est riche de l’esprit de famille et du respect de l’autre. Toutes ces vertus ont tendance à disparaître ou ont perdu leur sens en Occident.
En dépit de notre dépendance économique et de notre attirance pour l’Occident, notre continent peut être fier d’avoir encore bien des richesses culturelles à faire partager aux autres. Il nous revient de tout faire pour les préserver afin de garder ces particularités.

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Lutter contre le racisme au Maroc
Je viens de lire la première partie de votre enquête sur le racisme au Maghreb intitulée « Marocains, êtes-vous racistes ? ». Je vous félicite d’avoir osé aborder ce sujet délicat, surtout pour vous qui nous avez toujours présenté ce pays comme un modèle en Afrique.
Laissez-moi vous apporter un témoignage concret sur l’attitude des Marocains envers les « Noirs ». J’ai passé plusieurs années dans ce pays. Si le sujet est tabou publiquement, dans la vie quotidienne, les comportements et les discours racistes anti-Noirs sont monnaie courante. D’ailleurs, au Maroc, beaucoup de Marocains noirs, méprisés par leurs compatriotes blancs, adoptent inconsciemment les mêmes attitudes vis-à-vis des Noirs subsahariens.
Les Marocains n’aiment pas les Noirs. Les hommes n’épousent pas les « négresses africaines ». C’est une vérité qu’il faut dire.
Parler du racisme identique qui sévit en Tunisie et en Algérie fera peut-être avancer les mentalités et aidera les Marocains à gommer leurs préjugés raciaux.
Peut-être qu’un jour le Maroc reviendra en Afrique.

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