Oui au voile, non au « jilbab »

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

La justice britannique vient de prendre une décision qui pourrait faire date. Mardi 15 juin, la Haute Cour de justice a refusé à Shabina Begum, une lycéenne de 15 ans d’origine bangladaise, le droit de venir en classe vêtue du jilbab, une longue robe qui ne laisse que les mains et le visage découverts.
La jeune fille, qui revendiquait cette liberté au nom de ses convictions religieuses, avait cessé de venir au lycée public de Luton, au nord de Londres, il y a deux ans. Elle avait fréquenté l’établissement entre 2000 et 2002, vêtue du shalwar kameez, un ensemble composé d’un pantalon et d’une tunique ample, autorisé par le règlement intérieur. En septembre 2002, elle avait choisi d’abandonner cette tenue au profit du jilbab, qui couvre davantage le corps.

Devant la Cour, la lycéenne a soutenu qu’on lui refusait « le droit à l’éducation » et que cela portait atteinte à ses droits humains. Le tribunal a rejeté ses arguments, considérant qu’elle avait toujours eu la possibilité de poursuivre ses études dans l’établissement dès lors qu’elle se conformait au règlement scolaire, celui-ci étant jugé comme n’imposant pas des limites « disproportionnées » à la liberté vestimentaire.
Le plus important est peut-être que les juges aient aussi motivé leur décision par la volonté de « protéger les droits et les libertés » des étudiantes musulmanes qui ne désirent pas porter le jilbab, mais qui pourraient y être contraintes. La Cour a en effet été sensible à l’argumentaire développé par l’école selon lequel laisser la jeune fille porter le jilbab risquait de créer deux catégories d’élèves, celles portant le jilbab étant considérées comme de « meilleures musulmanes ».
Ce jugement est une première dans un pays réputé pour sa tolérance et son libéralisme, et qui a ouvert la porte à tous les communautarismes. À la différence de la France où, en mars 2004, une loi a été adoptée interdisant « les signes religieux ostensibles » à l’école, le port du foulard islamique, de la kippa juive ou du turban sikh est toléré de longue date dans les écoles britanniques, même si l’uniforme y reste obligatoire.
De nombreuses associations musulmanes se sont indignées de cette décision et encouragent la jeune fille à faire appel.

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