Algérie : Rouiba fait face à un choc de trésorerie sans précédent
Dans une lettre ouverte, le dirigeant du leader des boissons fruitées en Algérie annonce qu’une augmentation de capital ou l’entrée d’un nouvel investisseur sont à l’étude pour faire face aux importantes difficultés financières que traverse son entreprise.
Exercice de transparence ou signal d’alerte… Aux prises avec d’importantes difficultés financières, le grand nom algérien des boissons à base de jus de fruits, NCA Rouiba, fait part à ses partenaires des difficultés qu’il rencontre, mais aussi des solutions qu’il met en place et des solutions à l’étude pour améliorer ses comptes.
Quelle est l’état de la situation ? NCA Rouiba « fait face pour la première fois de son existence à de graves soucis de trésorerie » annonçait le 5 novembre Slim Othmani, président du conseil d’administration de la société, dans une lettre publique adressée à ses actionnaires, aux consommateurs, aux fournisseurs et aux partenaires.
Ouverture ou augmentation du capital
Le dirigeant, qui n’a pas livré de chiffres sur l’ampleur des difficultés, parle d’un « choc de trésorerie ». Face à ce défi, le conseil d’administration du groupe planche sur deux scénarios de sortie de crise : augmenter le capital de l’entreprise (actuellement de 849 195 000 dinars algériens, soit environ 6,4 millions d’euros), ou bien l’ouvrir à un nouveau « partenaire stratégique et/ou financier » (depuis 2014 Cévital détient 15 % de Rouiba).
Différents facteurs sont évoqués par Slim Othmani comme étant à l’origine de cette situation inédite pour l’entreprise fondée en 1966 : « la crise économique qui frappe le pays », « l’explosion des pratiques du sans facture » au sein de la concurrence, « la faible dynamique de la Bourse d’Alger« , mais aussi « des défaillances de gestion des créances, des dettes et du contrôle interne », liste Slim Othmani dans son communiqué.
Parmi les mesures prises, le groupe a déjà « remercié son directeur général ». Et d’autres mesures sont en vigueur ou à l’étude : le recours systématique aux poursuites judiciaires pour le règlement des créances, l’instauration du paiement à l’enlèvement, la couverture des risques d’impayés par la compagnie algérienne d’assurance et de garantie des exportations, l’optimisation des opérations, la négociation pour restructurer l’endettement ou encore l’éventuelle cession d’immobilisation non-rentable.
Ainsi, même si la direction de l’entreprise se dit « très confiante quant aux résultats [du] plan d’action », les scénarios retenus pour lui permettre de renforcer ses fonds propres seront présentés prochainement en assemblée générale, dès la fin des discussions en cours.
Droit de réponse de Sahbi Othmani à Jeune Afrique
Le cheminement des faits tel que présenté dans cet article laisse croire que Monsieur Sahbi Othmani a été remercié en étant le responsable de la défaillance de la société Rouiba et de ses difficultés de trésorerie. Ce dernier dément formellement ces informations et précise ce qui suit :
– Contrairement à ce qui a été indiqué, il avait présenté sa démission le 1er août 2019 pour se consacrer à ses projets en Afrique.
– Dans un communiqué daté du 5 septembre 2019, le conseil d’administration de Rouiba et à sa tête, M. Slim Othmani, a pris acte de cette démission et a longuement vanté les qualités de M. Sahbi Othmani pour son dévouement, son engagement et sa contribution exceptionnelle au développement de l’entreprise durant dix-huit ans. Il a aussi relevé que M. Sahbi Othmani a laissé NCA-Rouiba « dans une position de marché des plus favorables pour une croissance future au meilleur des intérêts de tous ».
La société a déclaré elle aussi qu’elle s’appuiera pour son développement africain sur M. Sahbi Othmani qui a lancé divers projets sur le continent.
Le poste de directeur général a été assuré par la suite par le président du conseil d’administration assisté de trois directeurs généraux adjoints.
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