Momar Nguer : « Une réforme du franc CFA ne ferait pas reculer les entreprises françaises »

Le manager franco-sénégalais, nouveau président du comité Afrique du patronat français, défend les avantages comparatifs des entreprises hexagonales et leur adaptabilité aux réalités du continent. Sans craindre l’instauration de l’eco.

Momar Nguer, ici lors du Forum Afrique de Bercy, en décembre 2015. © Bruno Levy pour J.A.

Momar Nguer, ici lors du Forum Afrique de Bercy, en décembre 2015. © Bruno Levy pour J.A.

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Publié le 7 novembre 2019 Lecture : 3 minutes.

Pour son premier grand oral devant les médias, ce jeudi 07 novembre, Momar Nguer, président depuis la mi-septembre du comité Afrique de Medef International, a développé un discours offensif.

Le dirigeant franco-sénégalais, par ailleurs DG de la branche marketing & services du géant des hydrocarbures Total, a contesté l’idée d’une « dégringolade » des entreprises hexagonales sur le continent, concédant cependant que ces dernières avaient peut-être « pris moins de part de marchés dans la croissance en Afrique par rapport à de nouveaux acteurs, qui ont été plus agressifs ».

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À ses côtés, Philippe Gauthier, DG de Medef International, a insisté sur « la croissance des excédents commerciaux de la France vis-à-vis du continent », bien que la part de l’Hexagone « ait été réduite de 11 % à 5,5 en quinze ans » dans les échanges commerciaux du continent, en progression sur cette période.

De grands changements tout relatifs pour les entreprises françaises

Selon l’OMC, en 2018, l’Afrique subsaharienne a importé 372 milliards de dollars de marchandises (contre 111,56 milliards en 2003), pour 353 milliards de dollars d’exportations (120,2 milliards quinze ans plus tôt).

Évoquant les grands changements en cours sur le continent, le manager s’est montré confiant. Alors que la réforme du franc CFA, avec l’adoption de l’eco prévue en 2020, revient régulièrement dans l’actualité, Momar Nguer a d’abord rappelé que ces questions monétaires étaient principalement du ressort des gouvernements, avant de souligner la flexibilité des entreprises hexagonales : « Une réforme du franc CFA ne ferait pas reculer les entreprises françaises en Afrique. Nous nous adaptons aux systèmes monétaires en place, que le taux de change soit fixe, fluctuant ou accroché à un panier de devise », a affirmé l’ancien patron de Total au Sénégal, au Cameroun, au Kenya et en Afrique de l’Est.

Interrogé sur la moins forte présence des entreprises françaises en Afrique anglophone, le manager a questionné la pertinence du seul référentiel linguistique. « Hormis le fait que l’anglais est la langue officielle de ces pays, quelle est la similarité entre l’Afrique du Sud et la Sierra Leone ? », s’est-il interrogé, soulignant la diversité de l’Afrique anglophone.

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Rappelant avoir créé le French Business Club durant son passage à Nairobi, Momar Nguer a contesté une absence française en dehors des pays de l’Uemoa et de la Cemac, notant la forte présence de l’Agence française de développement au Kenya et le leadership de firmes hexagonales dans certains secteurs clés au Nigeria par exemple.

Accompagnement les PME en parallèle de l’intégration régionale

Selon lui, le challenge consiste à accompagner les PME et les entreprises de taille intermédiaire que la taille et l’environnement concurrentiel de ces marchés pourraient freiner.

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Une approche commune qui va de pair, selon Momar Nguer, avec l’intégration régionale en Afrique : « La notion de hub est de plus en plus importante sur le continent. Les dirigeants africains que nous rencontrons mettent en avant l’espace économique régional, qu’il s’agisse au Kenya des 200 millions d’habitants de la Communauté d’Afrique de l’Est ou à Madagascar de l’espace commercial de l’océan Indien ».

« Nous n’avons pas d’ennemis en Afrique », a affirmé Momar Nguer, sans nommer la Chine, premier partenaire commercial du continent. Pour le manager franco-sénégalais, il est plus important de mettre en valeur les avantages comparatifs des firmes hexagonales.

Partenariats franco-africains en vue

Durant son mandat, le président du comité Afrique de Medef International entend encourager les entreprises françaises à « augmenter les possibilités de faire des stages, des alternances et d’acquérir de l’expérience dans nos filiales locales ».

Le manager souhaite également « développer les partenariats entre entreprises françaises et africaines », en prêtant une attention particulière aux entreprises de taille moyenne et intermédiaire ainsi qu’au suivi des missions de prospection réalisées sur le continent et des réceptions de délégations africaines en France.

Le dirigeant de Total a par ailleurs noté la différence entre les firmes françaises et certains concurrents dans la prise en compte des questions environnementales et du bien-être des employés.

Il a ainsi pointé la modernité des technologies déployées par les groupes français, dans des domaines tels que l’énergie, l’assainissement et les infrastructures, par rapport à la concurrence : « Quand vous allez sur le chantier d’une entreprise française sur le continent, les salariés bénéficient des mêmes protections et des mêmes équipements qu’en France. Parce que la valeur de la vie d’un ouvrier reste la même des deux côtés. Ce n’est pas forcément le cas pour les entreprises d’autres pays ».

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