La Wehrmacht envahit l’URSS

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

« Attention, l’attaque allemande se déclenchera le 22 juin 1941 à 3 heures du matin. » L’attaque allemande, c’était l’opération Barbarossa, du nom du chef du Saint-Empire romain germanique au XIIe siècle, Frédéric Ier, dit Barberousse : l’invasion de l’Union soviétique par la Wehrmacht. L’avertissement envoyé à Staline par son espion de Tokyo, Sorge, dans son rapport du 15 mai, ne pouvait pas être plus précis. Correspondant de la Frankfurter Zeitung pour l’Asie, chef du service d’information de l’ambassade d’Allemagne au Japon, Sorge était un agent on ne peut plus digne de confiance. Depuis le début de cette année 1941, il avait multiplié les mises en garde sur les concentrations de troupes allemandes. Staline ne le crut pas. Il ne crut pas davantage un autre espion soviétique opérant en Suisse, Lucie. Il n’ajouta pas foi non plus aux informations communiquées par le secrétaire d’État adjoint américain Sumner Welles et par l’ambassadeur britannique Cripps. Pas plus qu’il n’attachait d’importance aux incidents de frontière qui se multipliaient malgré le Pacte germano-soviétique d’août 1939. Il était convaincu qu’il fallait préserver l’entente avec l’Allemagne, qui lui avait déjà permis de mettre la main sur une partie de l’Europe.
Pour Hitler, Barbarossa, c’était la poursuite de ses obsessions de toujours. Il avait écrit dans Mein Kampf dans les années 1920 : « Nous, nationaux-socialistes, nous devons tourner nos regards vers les terres de l’Est… Mais quand nous parlons de terres nouvelles en Europe, nous pensons principalement à la Russie et à ses États vassaux… Ce colossal empire à l’Est est mûr pour la dissolution, et la fin de la domination juive en Russie sera aussi la fin de l’État russe. » La Drang nach Osten, la « poussée vers l’est », pour le Führer, c’était l’annexion de tout le territoire s’étendant de la Vistule à l’Oural.
En cet été 1941, l’Allemagne nazie est maîtresse de l’Europe, qu’elle occupe de la Baltique à l’Atlantique et à la Méditerranée. Mais cette occupation n’est pas une conquête. Les résistances intérieures s’organisent. Les neutres – Franco, Salazar – se dérobent. L’émissaire du Japon en Allemagne, Matsuoka, ne veut encore prendre aucun engagement. Les États-Unis sont hostiles, mais sur la réserve. L’entrée en guerre de ces deux pays n’aura lieu qu’à la fin de l’année : Pearl Harbor, le 7 décembre. L’obstacle évident à une nouvelle étape de l’édification du Grand Reich millénaire, c’est la Grande-Bretagne. L’été 1940, Goering a perdu la bataille d’Angleterre. Impossible d’envahir le pays ou de faire céder Churchill, même s’il n’a « rien d’autre à offrir que du sang, du travail, des larmes et de la sueur ». Mais le « vieux lion » ne peut en aucune manière intervenir sur le continent. Maître de la « terre centrale », appuyé sur les deux autres puissances de l’Axe – l’Italie et le Japon -, Hitler considère qu’il pourra s’occuper de la Grande-Bretagne plus tard. En outre, fort du succès de ses campagnes militaires de 1939 et de 1940, il est convaincu que la Wehrmacht ne fera qu’une bouchée de l’armée Rouge et que tout sera bouclé en deux mois.

On sait qu’il n’en fut rien. Mais les premiers mois furent catastrophiques pour l’URSS. Staline resta prostré quelques jours. Militairement et industriellement, le pays était dans un état d’impréparation totale. L’armée avait été décapitée par les procès de Moscou. À la fin de septembre, après des pertes de part et d’autre considérables, la situation était critique. Le 24, le haut commandement allemand arrêta un plan d’assaut contre la capitale, baptisé Typhon. L’idée était de mener une offensive ininterrompue depuis Smolensk. À la mi-octobre, on estimait que les Allemands pouvaient atteindre Moscou dans les vingt-quatre heures. Début décembre, cependant, devant l’acharnement des soldats russes, ils se trouvèrent contraints à la défensive.
« La bataille de Moscou eut une très grande importance, écrivent Michel Heller et Aleksandr Nekrich dans L’Utopie au pouvoir (Calmann-Lévy). Les armées allemandes, qui, pendant deux ans, n’avaient remporté que des victoires et avaient vaincu l’Europe, avaient été arrêtées et avaient subi de lourdes pertes. Leur espoir d’une victoire rapide s’était avéré vain. » Hitler était maintenant menacé d’une guerre sur deux fronts.

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