La Palestine au quotidien

Anne Brunswic a vécu quatre mois à Ramallah. En toute liberté. Ce qui lui permet de balayer quelques clichés.

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Les (mauvaises) nouvelles « pas si nouvelles que ça » qui nous viennent de Palestine ne nous font plus que l’effet d’un banal bulletin météo que l’on écoute avec fatalisme. Pour nous sortir de cette indifférence, des créateurs de tout bord (les cinéastes Samir Abdallah, José Reynès, Eyal Sivan, le vidéaste arabo-israélien Sharif Waked) et des écrivains comme Anne Brunswic tentent à leur façon de secouer nos consciences en nous mettant sous les yeux les intimidations et les humiliations qui font le quotidien des Palestiniens.
« Lorsqu’il [le Palestinien] est chez lui, dans la ville tranquille de Ramallah par exemple, l’occupant a sur lui tous les droits : le tirer du lit à 2 heures du matin, lui interdire de sortir dans la rue et même dans son jardin, détruire sa voiture ou son ordinateur, confisquer son téléphone ou ses clefs de voiture, jeter ses provisions de nourriture par la fenêtre, pisser sur son tapis ou ses sacs de farine, l’incarcérer pour une durée illimitée », écrit Anne Brunswic dès les premières pages de Bienvenue en Palestine.
Cet écrivain et « intermittente du journalisme » a séjourné dans cette ville de Cisjordanie de fin septembre 2003 à fin janvier 2004. Elle y est allée « sans être envoyée par personne, ni un journal, ni une chaîne de télévision, ni une université, ni une ONG, ni une association, ni un parti politique. En toute liberté, ce qui est plutôt exceptionnel ici où tous les étrangers relèvent plus ou moins d’une mission de ce genre. Cette liberté m’était essentielle pour faire un travail d’écrivain, un travail où j’assumerais ma propre subjectivité dans cette rencontre avec ces Autres qu’étaient à mes yeux les Palestiniens ».
Pendant ces quatre mois, Anne Brunswic, cinquantenaire « juive, laïque, intellectuelle », s’est attachée à comprendre les Palestiniens, à mieux saisir leur vision du monde, leurs espoirs mais aussi leurs paradoxes. Tout le mérite de sa démarche tient au fait qu’elle est parvenue à tordre le cou à un certain nombre de clichés largement relayés par les médias. Les attentats suicide, d’abord.
Contrairement à ce que rapportent les commentateurs internationaux, ils ne sont pas accueillis par des foules en liesse, mais par une « population qui se hâte de faire des provisions en vue d’un très probable couvre-feu ».
À propos de la Cisjordanie : « Contrairement à leurs engagements internationaux, les Israéliens ne sont pas encore décidés à s’en retirer. Au contraire, ils travaillent inlassablement à son annexion. La « barrière de sécurité » de près de 700 km, actuellement en construction, en est le signe le plus évident. Au lieu de suivre la Ligne verte de 1967 (320 km) qui, selon tous les projets de paix négociée, sert de référence au tracé des futures frontières de l’État palestinien, la « clôture » empiète systématiquement sur les terres palestiniennes. » En ce qui concerne les femmes voilées : « Le foulard ne laisse rien augurer des idées de celles qui le portent », écrit l’auteur.
On aimerait croire que ce témoignage sur les injustices flagrantes dont souffrent les habitants de cette région du monde contribuera à leur éradication. Mais cet espoir est-il encore permis ?

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