Algérie : RSF dénonce la suspension « abusive » d’une émission politique de la Chaîne 3
L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé mercredi la suspension par la radio nationale algérienne d’une émission hebdomadaire de débats politiques, qualifiée de « mesure abusive » privant les Algériens de « leur droit à une information plurielle ».
La page Facebook de l’émission, animée par la journaliste Nahla Bekralas, indique simplement qu’« Actuel ne se tiendra pas samedi » car « la direction de la Chaîne 3 (station francophone de la radio nationale) a décidé de sa suspension ».
Selon l’ONG Reporters sans frontières (RSF), Nahla Bekralas « a été informée, sans préavis, de cette décision par le nouveau directeur de la chaîne Nazim Aziri », la nouvelle direction de la radio, nommée fin octobre, « prétextant une volonté de consacrer la programmation à la couverture de l’élection présidentielle, prévue le 12 décembre ».
Directeur du bureau en charge de l’Afrique du Nord de RSF, Souhaieb Khayati a dénoncé dans un communiqué une « interruption totalement injustifiée ». RSF précise que, selon ses sources, la suspension d’«Actuel » viendrait « sanctionner l’invitation d’une représentante de l’opposition à l’émission du 2 novembre ».
Soutien au « Hirak »
L’émission était consacrée au 1er novembre 1954, date du lancement de la « Révolution algérienne » et de la lutte armée contre le colonisateur français qui allait aboutir en 1962 à l’indépendance de l’Algérie. Les Algériens ont célébré le 65e anniversaire de cet événement par une grande manifestation le 1er novembre à Alger et par de nombreux autres défilés dans le reste du pays, pour réclamer une «nouvelle indépendance», accusant les dirigeants algériens d’avoir « confisqué » celle conquise en 1962.
Parmi les invités de l’émission figurait Louisette Ighilahriz, ancienne combattante et figure de la Guerre d’indépendance, âgée de 83 ans, qui a pris publiquement position en faveur du « Hirak », le mouvement de contestation populaire sans précédent du régime dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février. « Tout de suite après (la proclamation de l’indépendance) le 5 juillet (1962), il y a eu corruption de notre Révolution », a-t-elle notamment déclaré lors de l’émission pour justifier son soutien au « Hirak ».
À la faveur du mouvement de contestation, une partie des rédactions des médias publics, étroitement contrôlés, ont dénoncé les « pressions » subies de la part de leur hiérarchie et réclamé la fin de la « censure ». Deux sites internet d’information, TSA (Tout sur l’Algérie) et Interlignes, sont inaccessibles en Algérie depuis plusieurs mois. En 2019, l’Algérie est 141ème au classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.
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