L’affaire Ioukos expliquée à ma grand-mère

Publié le 22 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Cette affaire Khodorkovsky/Ioukos, elle a commencé le jour où Eltsine a aboli l’Union soviétique et décidé d’introduire le capitalisme en Russie. Le soir même, le même Eltsine organise un banquet au Kremlin. On boit, on chante, tout va bien jusqu’au moment où Grolarsky, paysan du Danube devenu ministre de la Glèbe, demande à la cantonade :
– À propos, c’est quoi le capitalisme ?
Silence consterné autour de la table. C’est vrai, dans l’euphorie générale on a oublié de se renseigner. C’est quoi le capitalisme ? On se regarde les uns les autres.
– Euh… C’est quand les gros mangent les petits, avance Tronchkine, l’ex-idéologue marxiste.
– Alors, on va tous devenir cannibales ? s’écrie le ministre des Choux farcis, effaré. Moi, je vous préviens, je suis végétarien.
– Mais non, c’est une métaphore. Demandons plutôt au petit jeune, là-bas, Khodorkovsky, de nous esspliquer le capitalisme. Il a voyagé, il a lu deux livres, il sait tout.
– Ben, c’est simple, répond Khodormachin. Les moyens de production, au lieu d’appartenir à l’État, sont aux mains de simples individus.
Murmure interrogateur autour de la table.
– Donne-nous un exemple, ordonne Eltsine en tapant du poing sur la table. On ne comprend rien à tes salades.
– C’est simple. Je vais vous faire un schéma. Voici Ioukos, propriété de l’État soviétique, État qui n’existe plus depuis environ huit heures. J’efface son nom sur l’acte de propriété, à sa place, j’écris mon nom, par exemple (c’est pour rire), il suffit que le chef de l’État russe, oui, c’est vous Boris Nicolaievitch, signe ce document (signez là, M’sieur l’Président).
Aussitôt dit, aussitôt fait. Serrant précieusement l’acte de propriété contre sa poitrine, Khorkho file vers la sortie. Un rugissement l’arrête. C’est le ministre du Permafrost qui proteste ainsi.
– Pas si vite, tonne-t-il. Te voilà propriétaire de la moitié de notre industrie pétrolière sans avoir déboursé le moindre kopek. Y a quelque chose qui ne marche pas.
– Ah, c’est vrai, admet Khodortruc sans s’émouvoir, je ne vous ai pas encore expliqué cette partie subtile du capitalisme. Eh bien, c’est simple : la Banque d’État m’avance les fonds qui me permettent de payer l’État.
– Ça m’a l’air correct, opine Eltsine. Holà, Dimitri !
Le chef de la Banque centrale s’éveille en sursaut.
– File à Khodortempion quelques milliards de roubles pour acheter Ioukos ! On est en train d’introduire le capitalisme en Russie !
Dimitri signe un chèque et le tend au petit futé qui le contresigne et le lui rend illico en disant « voilà, j’ai maintenant payé Ioukos », puis s’éclipse, en route vers la fortune.

PS du PS : Tout ce qui précède est rigoureusement vrai, sinon dans les détails, du moins dans l’essentiel…

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