La diplomatie au service de l’art

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Le 14 juin, la résidence de France à La Marsa, à une vingtaine de kilomètres au nord de Tunis, a vécu un événement exceptionnel : le vernissage, dans le jardin de cette belle demeure de style arabo-andalou, d’une exposition de sculptures contemporaines réalisées par onze artistes renommés : cinq français (Bernar Venet, Bernard Pagès, Agnès Decoux et Serge Bottagisio, Michel Wohlfahrt) et six tunisiens (Abdelaziz Gorgi, Khaled Ben Slimane, Taïeb Belhadj Ahmed, Amel Bennys, Abderrazak Sahli et Sadika Keskes).
L’ambassadeur de France, Yves Aubin de La Messuzière, et son épouse, artiste elle-même, ont ainsi accueilli dans leur jardin, transformé pour la circonstance en un musée à ciel ouvert, le tout-Tunis artistique et médiatique. Abdelbaki Hermassi, ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Loisirs, a tenu à s’associer à l’événement, de même que Mongi Bousnina, l’un de ses prédécesseurs, qui dirige actuellement l’Alecso (l’Unesco arabe), ainsi que de nombreux diplomates, écrivains et hommes d’affaires. Tout ce beau monde a profité de l’occasion pour faire d’une pierre deux coups : admirer des sculptures qui détonnent par leur audace créatrice et découvrir Dar al-Kamila, cette vieille demeure princière au charme désuet, restée longtemps inaccessible au grand public.
Construite au milieu du XIXe siècle par un membre de la dynastie husseïnite, qui a régné en Tunisie jusqu’en 1957, Dar al-Kamila a été successivement la résidence du consul de France, puis du résident français en Tunisie, durant la période coloniale, et enfin du chef de la représentation diplomatique française. L’ambassadeur de France cite dans sa préface au catalogue de l’exposition cette phrase célèbre de Jean Dubuffet : « Le vrai art est toujours là où ne l’attend pas. » Il ajoute que le but de l’exposition, qui sera ouverte au public jusqu’au 26 juin, est « de susciter la curiosité par l’effet de surprise que ne manquera pas de provoquer l’irruption de l’art contemporain dans un environnement classique chargé d’histoire ».
Les sculpteurs français, dont les oeuvres sont exposées pour la première fois au sud de la Méditerranée, ont tenu à assister au vernissage aux côtés de leurs homologues tunisiens. Les discussions entre les artistes, et entre ces derniers et le public ont porté sur la diversité des démarches, matériaux et techniques qui caractérisent la sculpture contemporaine, et sur les bénéfices que celle-ci pourrait tirer des confrontations (et des confluences) entre les créateurs européens, africains et arabes. Pour les sculpteurs tunisiens, qui souffrent d’une certaine marginalité – due, en partie, à l’interdit religieux qui a longtemps frappé, en terre d’Islam, la représentation des figures humaines -, cette exposition a été l’occasion de démontrer qu’ils sont capables de rivaliser avec les meilleurs représentants de la discipline.

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