Intégration mode d’emploi

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 3 minutes.

Depuis le début des années 1990, le processus d’intégration régionale des pays africains s’accélère. Certains tentent même de mettre en oeuvre une politique étrangère commune, mais les progrès enregistrés dans ce domaine demeurent limités. Sur le plan économique, en revanche, ils instaurent des cadres de libre-échange pour doper le commerce entre États d’une même région. Reste qu’au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac) comme au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) les velléités d’association sont encore retardées par l’instabilité politique (voir article en page 53).

À l’intérieur de ces ensembles, aux contours un peu flous, une certaine dynamique est toutefois palpable, notamment grâce aux organisations que sont l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). En matière d’intégration, la famille des pays « ayant le franc CFA en partage » a indéniablement une longueur d’avance. Ces deux regroupements régionaux ont déjà adopté des politiques sectorielles communes et privilégient la convergence de leurs intérêts pour mobiliser l’argent des bailleurs de fonds. Contrairement aux pays de l’Union européenne, qui ont cimenté leur unité autour de leurs échanges commerciaux pour adopter ensuite une monnaie commune, les États membres de la Cemac et de l’Uemoa ont effectué la démarche inverse : ils se sont unis autour l’unité de compte léguée par le colonisateur et garantie par le Trésor français, pour ensuite élargir cette coopération monétaire aux domaines économiques susceptibles de favoriser les synergies.
Les deux « zones franc », qui disposent chacune de leur Banque centrale, se sont fixé des critères de convergence destinés à protéger la stabilité de la monnaie. Ces critères de surveillance multilatérale passent par exemple par un solde budgétaire positif ou nul, un taux d’inflation annuel maximal de 3 %, un taux d’endettement public inférieur à 70 % du PIB, ou encore la non-accumulation d’arriérés intérieurs et extérieurs. Si tous les membres de l’Uemoa ou de la Cemac peinent encore à se soumettre à ces règles communes, les objectifs de convergence sont aujourd’hui globalement mieux respectés que par le passé. En acceptant de se soumettre à la discipline communautaire, les pays donnent plus de poids aux deux entités sous-régionales et leur permettent d’élargir leurs compétences à de nouveaux domaines.
Ainsi, le marché financier de l’Uemoa a vu le jour en septembre 1998, et l’union douanière est devenue effective le 1er janvier 2000 avec la mise en application du Tarif extérieur commun pour promouvoir le commerce intrarégional.
La cohésion qui prévaut entre les États permet en outre à l’Union d’organiser la défense collective des intérêts de ses membres. Ainsi, le 10 juin 2003, le président burkinabè Blaise Compaoré a plaidé la cause des producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest devant le Comité des négociations commerciales de l’Organisation mondiale du commerce, demandant l’élimination totale des subventions à la production pratiquées par les États-Unis et l’Union européenne aux dépens de la filière ouest-africaine. À l’origine simple union douanière, la Cemac multiplie, elle aussi, les projets ayant pour but de promouvoir l’intégration. Elle finance notamment la réalisation d’infrastructures routières d’intérêt sous- régional, avec le soutien de l’Union européenne.

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Mais à l’Ouest comme au Centre, l’intégration se heurte encore aux contentieux qui minent toujours les relations entre États. Implantée à Libreville, la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale en cours de gestation va immanquablement se heurter à la concurrence de son équivalent camerounais, le Douala Stock Exchange. De la même manière, la crise ivoirienne constitue une entrave majeure aux échanges commerciaux des pays sahéliens (Mali, Burkina et Niger). Alors que la Cemac et l’Uemoa ont longtemps fait figure d’exemple en matière de coopération, leur développement se heurte aujourd’hui à un certain nombre d’obstacles. Des obstacles que seuls leurs dirigeants politiques sont en mesure de lever.

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