Folie des grandeurs

Quand un conseiller général se prend pour un pacha ottoman…

Publié le 21 juin 2004 Lecture : 2 minutes.

Négrologues et afropessimistes en tout genre dénoncent régulièrement – à juste titre – les abus de biens publics sur le continent. Dès qu’un dirigeant un peu trop gourmand est pris la main dans le sac d’écus, ils lui tombent dessus à bras raccourcis. Et l’on entend alors la même rengaine, celle qui est ressortie au moindre écart, sur le thème de la « mauvaise gouvernance ». Les fossoyeurs du continent devraient pourtant parfois ranger leurs pelles et aller faire un tour du côté de chez eux. Jugez plutôt. Le Parti socialiste français, qui préside le conseil général des Hautes-Alpes, s’intéresse ainsi aux dépenses jugées « excessives » de l’ancien président du département, Alain Bayrou (du parti présidentiel). Fastueuses serait le terme approprié, car le train de vie que menait notre homme était digne de celui d’un pacha ottoman. Rien que pour les frais de bouche (champagne, tabac, hôtellerie, traiteur, pâtisseries…), la facture s’élevait à 800 euros par jour ! Et comme il n’est pas de bon repas digne de ce nom sans faire un détour par le fumoir, les cigares Davidoff consommés avec allégresse consumaient et réduisaient en cendre les billets de banque : 381 euros par mois pendant cinq ans !
Homme de goût, Alain Bayrou possédait aussi, apparemment, le don d’ubiquité. Il avait à sa disposition trois véhicules de fonction, une Renault Laguna, une Peugeot 607 et une Audi A4, sans compter sa Land Rover personnelle… dont il facturait les kilomètres. Et, cerise sur le gâteau, dont il a mangé sa part et dévoré celle des autres, l’ancien président du conseil général utilisait pour son propre compte sept portables avec abonnements, soit une addition de 11 538 euros pour l’année 2003 aux frais du contribuable. Sa folie des grandeurs lui était-elle donc montée à la tête au point qu’il se prenne pour la déesse à bras multiples Shiva ? Malin comme un singe, Alain Bayrou s’en tire par une pirouette. À propos des sept téléphones portables, il répond s’en être fait voler deux, en avoir cassé un et en avoir fait tomber un autre dans les WC. Voilà ce qui s’appelle se débarrasser des problèmes en tirant la chasse d’eau !

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