Un révisionniste nommé Benoît XVI

Fini la repentance. Le pape affirme que l’évangélisation des Amérindiens n’a pas été « imposée par une culture étrangère ».

Publié le 21 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

La christianisation du continent américain « n’a en aucune manière comporté une aliénation des cultures précolombiennes, ni été imposée par une culture étrangère ». C’est ce qu’a déclaré, le 13 mai, le pape Benoît XVI, dans un discours prononcé à l’occasion de la 5e Conférence générale de l’épiscopat d’Amérique latine et des Caraïbes, à Aparecida, au Brésil. Le pape allemand, connu pour son conservatisme sans concession, prend le contre-pied de la démarche de son prédécesseur Jean-Paul II, qui, en son temps, avait reconnu les erreurs commises par les missionnaires dans cette partie du monde.
Face à cette lecture révisionniste de l’Histoire, l’Église catholique n’a pas bronché. En Amérique latine, des communautés indiennes, choquées, ont parlé d’irrespect et d’arrogance à leur égard et envers des cultures humiliées, niées, et des peuples victimes d’un véritable génocide au nom de Dieu.
Benoît XVI a affirmé que, pour les peuples d’Amérique latine et des Caraïbes, l’acceptation de la foi chrétienne a signifié « connaître et recevoir Jésus, le Dieu inconnu que leurs ancêtres recherchaient sans l’atteindre », ce Dieu qu’ils attendaient impatiemment en silence et qui a purifié leurs cultures par le biais du Saint-Esprit. Une vision de l’Histoire contredite par les faits. Les Amérindiens n’ont jamais attendu ce Dieu qui leur est venu à bord des caravelles de chercheurs d’or espagnols. Il leur a été imposé. Des millions d’entre eux ont été massacrés, d’autres sont morts à cause de maladies apportées par les conquérants. Dépossédés de leurs terres, ils ont été réduits à l’état de bêtes de somme. Et comme les conquérants chrétiens ne pouvaient plus tirer grand-chose de leur force de travail, il fut décidé, avec la bénédiction de l’Église, d’importer des Africains. La traite négrière transatlantique a duré quatre siècles, vidant l’Afrique de sa moelle épinière.
Fidèle à lui-même, Benoît XVI continue de prôner des valeurs qui ne correspondent plus aux réalités du monde contemporain. Ainsi, en mars, il n’a pas hésité à revenir sur les avancées réalisées après le Concile de Vatican II, notamment en matière d’inculturation. Plus question, donc, de vouloir adapter l’Évangile à l’environnement dans lequel il se vit. Il faut, au contraire, revenir au traditionalisme, avec des messes en latin et des chants grégoriens. Le pape ne semble éprouver aucune gêne à faire l’apologie de ce qui s’apparente à de véritables crimes contre l’humanité, commis au nom de la christianisation des peuples.

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