Visa fait de la société nigériane Interswitch la nouvelle licorne de la fintech africaine
Visa est en pourparlers avancés pour acquérir une participation de 20 % dans Interswitch, la plus grande société de paiements électroniques du Nigeria, valorisant celle-ci à près d’un milliard de dollars en vue de sa cotation à la bourse de Londres.
Cette opération, dont le montant pourrait atteindre 200 millions de dollars selon Sky New, intervient juste avant l’entrée d’Interswitch à la bourse de Londres, prévue pour le début de l’année 2020.
« Cet investissement fait d’Interswitch l’une des entreprises de fintechs africaines les plus hautement valorisée, avec une valeur de 1 milliard de dollars », annonce la société nigériane dans un communiqué publié mardi 12 novembre.
En 2017, la société américaine Visa avaient déjà annoncé un partenariat avec Interswitch visant à accélérer l’adoption des paiements mobiles en Afrique de l’Ouest. Cet accord a permis le déploiement de la solution de paiement via code QR, mVisa, grâce à laquelle les commerçants peuvent recevoir des paiements sans avoir à investir dans des terminaux de vente.
Faire face à la concurrence de Mastercard et de Network International
Fondée par Mitchell Elegbe en 2002, Interswitch a commencé son activité sur le segment de la numérisation et du traitement électronique des paiements, construisant et gérant ses propres infrastructures de paiements. Elle réunit aujourd’hui Helios Investment Partners, TA Associates et IFC (la branche secteur privé de la Banque Mondiale) parmi ses actionnaires.
L’investissement de Visa conférera à Interswitch le statut de licorne africaine dédiée aux fintechs, et devrait lui permettre d’étendre son empreinte sur le continent. Cette empreinte s’illustre notamment par les cartes de débit Verve (équipée d’une technologie de paiement développée par Interswitch), dont près de 20 millions d’unités sont en circulation au Nigeria, au Kenya, en Ouganda et en Gambie.
Mais la concurrence s’avère rude. L’américain Mastercard, grand concurrent de Visa, a investi près de 300 millions de dollars dans l’émirati Network International, peu de temps avant son lancement sur la bourse de Londres en avril 2019.
Network International a vu l’investissement de Mastercard ses actions connaître de bonnes performances
« Network International, qui est le plus grand prestataire de services de paiement en Afrique et au Moyen-Orient, a depuis lors vu ses actions connaître de bonnes performances, à contre-courant de la tendance stagnantes des introductions récente sur la bourse de Londres », rapporte Sky News.
Les investisseurs en quête de grandeur
Victor Basta, directeur général de Magister Advisors, une banque d’investissement basée à Londres, estime qu’une poignée d’autres acteurs peut obtenir également une place stratégique en développant une présence suffisamment large sur le marché des fintechs, que ce soit au Nigeria ou à travers plusieurs pays.
« M-Pesa a atteint cet objectif au Kenya sur un autre segment. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une entreprise indépendante, on peut dire que ce service de Safaricom, constitue l’autre licorne des fintechs africaines », note Victor Basta. Selon l’analyste, les fintechs doivent atteindre une certaine importance, dans des régions clés, pour pouvoir engager le dialogue avec des partenaires mondiaux.
« Ceux-là ne sont pas encore prêts à prendre des participations importantes dans des challengers africains, suggère Victor Basta. Mais ils seront certainement prêts à racheter des leaders de marchés actifs dans un large éventail de fintechs, allant par exemple du paiement aux prêts aux PME, en passant par le financements des besoins de bases des consommateurs tel que l’énergie », conclut Victor Basta.
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