Algérie : peine de prison pour 22 manifestants ayant arboré un drapeau berbère
La justice algérienne a condamné mardi 22 manifestants à 12 mois de prison, dont six ferme, pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » après avoir arboré un drapeau amazigh (berbère), selon le Comité national de libération des détenus (CNLD).
Le verdict du tribunal de Sidi Mhamed, dans le centre d’Alger, « est tombé à 02H30 (01H30 GMT). Un an de prison dont six mois ferme et six mois de sursis et une amende de 30 000 dinars (environ 230 euros) », a indiqué le CNLD sur sa page Facebook. Selon ce comité, le procès de 20 autres accusés, dont l’un est à l’hôpital, a été reporté au 18 novembre.
Le verdict a été confirmé par Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. « C’est un verdict lourd, dur et inattendu », a-t-il estimé, indiquant que les avocats allaient faire appel.
Aux cris de « Libérez les détenus » et « Pouvoir, assassin ! », quelque 200 personnes se sont rassemblées lundi devant le tribunal, ceint par un important dispositif policier avant d’être dispersées sans incident. En province, plusieurs manifestants accusés pour les mêmes faits ont été acquittés.
« Identité nationale »
À l’occasion du début du procès lundi, Saïd Salhi avait estimé qu’il s’agissait du « plus grand procès des détenus d’opinion, porteurs du drapeau amazigh », depuis le déclenchement, le 22 février, du mouvement populaire antirégime en Algérie. Le Parquet avait requis deux ans de prison, 100 000 dinars d’amende (environ 750 euros) et la confiscation des drapeaux pour l’ensemble des accusés.
De son côté, la défense, composée de près de 70 avocats, avait plaidé l’acquittement arguant qu’il « n’existe aucune loi interdisant de brandir un drapeau amazigh et que la Constitution précise que l’amazighité est l’une des composantes de l’identité nationale ». Les avocats ont également protesté contre la durée de la procédure « dans une affaire qui n’exige pas quatre mois d’instruction, d’autant que le dossier ne contient que les procès verbaux d’audition ».
Les premiers accusés avaient été arrêtés le 21 juin, deux jours après que le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, l’homme fort du régime depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika, eut ordonné qu’aucun autre drapeau que l’emblème national ne soit brandi dans les manifestations hebdomadaires contre le pouvoir. Les autres manifestants avaient été arrêtés les semaines suivantes.
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