Algérie : vague d’indignation après la condamnation des porteurs du drapeau amazigh
La peine de prison ferme infligée aux manifestants pour avoir brandi l’emblème amazigh a suscité une vague d’indignation au sein de l’opposition et de la société civile. Les cinq candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre restent quant à eux muets sur le sort de ces détenus du « Hirak ».
« Les détenus du “Hirak” sont devenus les otages d’une négociation politique odieuse », s’insurge Me Mustapha Bouchachi, avocat impliqué dans la défense des droits de l’homme. Il fait référence à la condamnation à six mois de prison ferme, mardi 12 novembre, d’une vingtaine de manifestants poursuivis pour « atteinte à l’unité nationale » après avoir arboré un drapeau amazigh (berbère). « Tous les détenus dans d’autres wilayas ont été relaxés. Pourquoi les juges du tribunal de Sidi M’hamed font-ils exception ? », s’interroge un autre membre du barreau d’Alger.
Le tribunal de Bab el Oued, situé à une dizaine de kilomètre seulement de la première juridiction, a en effet acquitté mercredi cinq manifestants pour le même chef d’inculpation. Ces accusés « ont été acquittés par un juge intègre qui a appliqué la loi », s’est réjoui Me Seddik Mouhous. À chaque procès, les avocats rappellent d’ailleurs qu’aucune loi n’interdit le port ou la possession du drapeau culturel amazigh.
Pour Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de Défense des droits de l’Homme (LADDH), le tribunal de Bab el Oued « a confirmé qu’il n’y avait pas matière à condamnation dans ce type d’affaires » et « s’est aligné sur les autres tribunaux du pays, qui ont prononcé l’acquittement » d’accusés jugés pour les mêmes faits. « Cela confirme le caractère d’exception du tribunal de Sidi M’hamed », a-t-il souligné, s’inquiétant des « fortes présomptions d’ingérence (du pouvoir) ».
« Tâche noire dans la justice algérienne »
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