[Chronique] En Afrique, un boom des préservatifs et des pilules ?

La contraception est de plus en plus utilisée dans les pays considérés comme les plus pauvres de la planète. Souvent décriée pour ses taux de fécondité, l’Afrique n’est pas en reste…

 © Damien Glez

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Publié le 14 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

Qu’Emmanuel Macron se rassure : le planning familial progresse sur le continent africain. À plusieurs occasions, depuis son accession à la présidence de la république française, le chef de l’Etat avait mis à l’index une « démographie galopante, où vous avez 7, 8 enfants par femme » qui alimente une « crise africaine » faite de pauvreté incurable et d’aspirations migratoires.

En ce début novembre 2019, en amont d’une Conférence internationale sur la population et le développement, l’organisation Family Planning 2020 annonçait, à Nairobi, que l’usage du planning familial avait positivement évolué dans les pays les plus pauvres au monde, notamment grâce aux moyens de contraception modernes. Comme de bien entendu, il est possible de voir le verre de la « vertu démographique » proclamée à moitié plein ou à moitié vide…

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La plus forte progression en Afrique

Dans les 69 pays les plus pauvres au monde, selon FP2020, le nombre d’utilisatrices de moyens de contraception modernes a augmenté de 20% en 7 ans. Sur un total de 926 millions de femmes et filles en âge de procréer, dans cette zone géographique constituée notamment de 41 pays africains, ce sont désormais 314 millions qui ont recours au préservatif, à la pilule ou à l’implant. Et c’est l’Afrique qui enregistre la meilleure progression.

Du côté du verre à moitié vide, l’organisation fondée par le gouvernement britannique et la fondation Bill & Melinda Gates reconnaît qu’elle souhaitait atteindre 120 millions de nouvelles utilisatrices d’ici à 2020, et non les 53 millions enregistrés.

De même, il ne faut pas oublier que ces 53 millions de converties sont observés à l’intérieur d’une population qui, elle-même, augmente sous l’effet de la « sur-natalité ». Au final, en Afrique, la proportion des femmes utilisant des moyens de contraception n’a augmenté que de 7% depuis 2012.

Il n’en reste pas moins que l’ONU se félicite de ce résultat. S’il serait politiquement incorrect, pour des raisons culturelles ou religieuses, de dicter au Sud des taux de fécondité fixés au Nord, la question de la planification des naissances apparaît en filigrane de plusieurs des 17 objectifs de développement durable : l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim, l’accès à une éducation de qualité, la lutte contre le changement climatique ou encore l’accès à l’eau salubre et à l’assainissement ; des objectifs qui paraissent davantage crédibles s’ils concernent une population qui n’augmente que modérément.

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Le représentant du Fonds des Nations unies pour la population, Benoit Kalasa, a même déclaré que « le planning familial est un droit de base », face aux dangers de grossesses prématurées, non désirées et/ou trop rapprochées. Avec un peu de chance, le boom du latex va contribuer à un autre objectif de développement durable : promouvoir une industrialisation durable.

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