Bingo au Kurdistan irakien

Publié le 21 mai 2007 Lecture : 2 minutes.

Patron de DNO, une petite compagnie privée norvégienne, Helge Eide marquera sans doute l’histoire pétrolière de l’Irak. Le 16 mai, il a annoncé la prochaine mise en production, après deux ans de travaux, du champ de Tawke. « Une grande victoire pour le gouvernement régional du Kurdistan et pour notre compagnie », s’est-il réjoui.
Situé dans l’extrême nord du Kurdistan (et du pays), près des frontières avec la Syrie et la Turquie, le gisement de Tawke devrait produire 15 000 barils par jour à partir du mois de juin. Bien sûr, c’est une goutte d’eau dans l’océan de la production irakienne (2 millions de b/j), mais l’intérêt de l’opération est ailleurs : depuis la nationalisation du secteur par Saddam Hussein, en 1972, c’est la première fois qu’une compagnie privée extraira du pétrole du sous-sol irakien.
La Constitution adoptée en 2005 accorde l’autonomie au Kurdistan, mais reste muette sur l’exploitation de ses matières premières. Seuls les gisements pétroliers en cours de production sont la propriété de la compagnie nationale. Profitant de ce vide juridique et devançant la promulgation de la loi pétrolière adoptée par le Parlement en février, le gouvernement autonome a accordé des permis d’exploration à plusieurs compagnies étrangères, notamment DNO, Genel/Addax (Turquie-Canada), PetPrime (Turquie/États-Unis) et WesternZagros (Canada).
Travaillant sous la protection de 250 soldats kurdes, dans une région relativement paisible, les techniciens de DNO ont eu la chance de tomber très vite sur le bon filon. Si tout va bien, la production du champ de Tawke devrait doubler en 2008. Pour DNO, très dépendant de son activité au Yémen (13 800 b/j) mais qui a entrepris des travaux d’exploration en Guinée équatoriale et au Mozambique, le Kurdistan est un atout important. Selon le gouvernement autonome, les réserves potentielles de la région avoisineraient 45 milliards de barils, soit 40 % des réserves prouvées du pays.
Avec près de 4 millions d’habitants (15 % de la population nationale), le Kurdistan assure actuellement 50 % de la production pétrolière de l’Irak. Ses gisements les plus connus sont ceux de Kirkouk (8,7 milliards de barils de réserves), de Rambour et de Bay Hassan. Mais ils profitent peu à la région. À Bagdad, le gouvernement a d’ailleurs refusé que le pétrole de Tawke emprunte le réseau national d’oléoducs avant d’être commercialisé, mais peu importe : il sera livré par camions.

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