Éliminatoires de la CAN 2021 : des sélections en colère contre le calendrier de la CAF
De nombreux sélectionneurs ont critiqué le dense calendrier imposé par la Confédération africaine de football (CAF) pour les deux premières journées de qualifications pour la Coupe d’Afrique 2021, qui se déroulent jusqu’au mardi 19 novembre, dénonçant une santé des joueurs reléguée au second plan.
L’Afrique du Sud avait ouvert le bal, le 16 octobre dernier, en apprenant que son match au Ghana était programmé le 15 novembre, soit deux jours avant la réception du Soudan, le dimanche suivant à 21 heures. La fédération sud-africaine (Safa) avait demandé que son déplacement au Ghana soit avancé d’une journée, et que l’horaire de la rencontre face aux Soudanais soit décalé en journée.
« C’est déjà difficile d’effectuer deux déplacements en trois jours en Afrique. Si on nous fait jouer le dimanche à 21 heures, personne ne viendra », avait argué la Safa. Cette dernière a finalement obtenu satisfaction, en jouant au Ghana jeudi 14 novembre (défaite 0-2), et face au Soudan dans l’après-midi (victoire 1-0).
Mais d’autres fédérations n’ont pas eu la même écoute du côté du Caire. La CAF avait ainsi prévu de faire jouer le match entre le Nigeria et le Bénin à Uyo (sud-est nigérian), mercredi 13 novembre en plein après-midi. Une décision qui avait fait bondir Michel Dussuyer, le sélectionneur français des Écureuils (qui se sont finalement inclinés 2-1).
« C’est déplorable. J’ai récupéré mes joueurs entre le dimanche et le lundi soir, puisque certains jouaient avec leur club en Europe le dimanche. Et le mardi, nous nous sommes rendus au Nigeria, donc je n’ai pu effectuer qu’une seule séance d’entraînement avec mon effectif une fois là-bas. Les joueurs ont pris l’avion pour venir au Bénin, et à peine arrivés, il a fallu repartir au Nigeria, puis en revenir pour préparer notre match face à la Sierra Leone (1-0) à Porto-Novo le 17 novembre, en pleine journée, alors qu’il fait très chaud… Il y a des anciens joueurs qui font partie des instances de la CAF. Je ne sais pas s’ils sont consultés ou si on les écoute, mais l’institution programme les matchs comme elle l’entend, en fonction des retransmissions télé, sans tenir compte de la santé des joueurs. »
« Il faut respecter les joueurs »
Le Nigeria, en accord avec son adversaire béninois, avait même tenté de faire décaler le match au jeudi 14 novembre. L’intervention de la FIFPro, le syndicat qui défend les intérêts des footballeurs, n’avait rien changé. « Si les joueurs se blessent, la CAF sera responsable », avait prévenu Gernot Rohr, le sélectionneur des Super Eagles.
Mardi, à la veille du match de son équipe contre le Congo (2-0), Aliou Cissé, le sélectionneur sénégalais, avait lui aussi taclé la CAF : « Je ne comprends pas son organisation. Il faut respecter les acteurs, faire attention à leur santé, car ils jouent beaucoup en club. On aurait pu affronter le Congo vendredi, avant de s’envoler pour l’eSwatini [victoire 4-1] le 19 au lieu du 17, mais la CAF a fait un autre choix. Elle doit revoir sa façon de faire. »
J’espère que pour les troisième et quatrième journées, à partir de fin août prochain, la CAF tiendra un peu plus compte des joueurs
Plusieurs présidents de fédérations concernées par ce calendrier, comme le Sénégalais Augustin Senghor et le Nigérian Amaju Pinnick, sont paradoxalement membres du comité exécutif de la CAF. Mais leur poids n’a visiblement pas été suffisant pour que le calendrier soit modifié. « J’espère que pour les troisième et quatrième journées, à partir de fin août prochain, la CAF tiendra un peu plus compte des joueurs », confie Dussuyer.
Contacté, Mouad Hajji, le secrétaire général de la CAF, n’a pas répondu aux questions de Jeune Afrique.
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