Sermon africain aux pays riches

Fort de sa croissance, le continent demande au FMI de placer l’économie américaine sous surveillance.

Publié le 21 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Au moment où l’économie des États-Unis dérape, où l’Europe s’ensable et où même la flamboyante Chine ralentit, l’Afrique est la seule région du monde qui continuera, en 2008 et en 2009, d’accélérer sa croissance. L’Afrique est en forme et l’a fait savoir à Washington, du 11 au 14 avril, à l’occasion des réunions du G7, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). Si l’on en croit les experts du FMI, l’économie africaine a progressé de 5,9 % en 2006 et de 6,2 % en 2007. Sa croissance est évaluée à 6,3 % en 2007 et prévue à 6,4 % en 2009. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Le Maghreb (de + 4,4 % en 2006 à + 5,3 % en 2009) fait un peu moins bien que l’Afrique subsaharienne (de + 6,4 % à + 6,7 %).

« Mais les risques augmentent »
La remarquable croissance africaine s’explique en partie par la vigueur des prix des matières premières que le continent vend à la terre entière. De ce beau panorama, Benedicte Christensen, économiste au FMI, tire la conviction que « la croissance demeure robuste », mais, ajoute-t-elle, « les risques augmentent ». Ceux-ci tiennent d’abord à la forte appréciation des prix alimentaires et pétroliers. Les premiers dégradent le pouvoir d’achat des populations les plus pauvres. Les seconds pèsent sur la croissance, comme le prouvent les 3 points en moins enregistrés par les pays africains non producteurs d’hydrocarbures.
Fort de ce bilan flatteur, le Groupe des 24, où les Africains sont les plus nombreux aux côtés du Brésil, de l’Inde et de l’Iran, a sermonné les pays riches, le 12 avril. « Pour une fois, ce n’est pas nous qui avons déclenché la crise, a ironisé Rogerio Studart, administrateur du Brésil au FMI. La crise est partie du coeur du système, les États-Unis », alors que les pays en développement, eux, contribuent à maintenir l’économie mondiale sur les rails.
Dans son communiqué, le G24 demande donc que le FMI place les pays industrialisés sous la même surveillance qui était imposée naguère aux pays émergents. Il dit que les pays pauvres sont les moins coupables de détraquer le climat de la planète, car ils consomment peu d’énergie, mais ils vont être les principales victimes du réchauffement climatique. Les pays riches doivent réparer les dégâts qu’ils provoquent dans l’économie et l’écologie mondiales. Le G24 demande donc que l’aide promise, et notamment le doublement de l’aide à l’Afrique, devienne réalité car, comme l’Indien Amar Bhattacharya l’a rappelé, « l’aide mondiale est passée en cinq ans de 50 à 105 milliards de dollars, alors qu’elle est restée en Afrique au niveau de 1995, à 12 milliards de dollars ».

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