Moto dans le collimateur espagnol
L’opposant au régime de Malabo, placé en détention provisoire à Madrid pour trafic d’armes, risque cinq à dix ans de prison.
Le juge espagnol Fernando Andreu a ordonné, le 16 avril, le placement en détention provisoire de l’opposant équato-guinéen Severo Moto, pour trafic d’armes. Cette décision intervient quelques jours après l’arrestation au port de Sagunto (est de l’Espagne) de Damian Motu Nguema dit « Muti », l’homme de confiance de Moto, dont le véhicule d’occasion, qui contenait deux fusils, un pistolet et des munitions, s’apprêtait à embarquer sur un navire à destination de Malabo.
Arrêté le 14 avril, Severo Moto a nié être impliqué dans ce trafic. Le juge fonde son accusation sur des écoutes téléphoniques selon lesquelles l’opération a été montée et supervisée par l’opposant équatoguinéen, avec la complicité de Muti et de deux Espagnols, Francisco Javier Rosello Sumoy et Antonio Maria Nogues, également incarcérés. Ce même jour, Malabo, qui avait accusé Moto d’avoir fait entrer dans le pays des armes en vue d’y provoquer des troubles, s’était empressé d’interdire l’importation de véhicules d’occasion en provenance de l’ancienne métropole.
Arrivé en Espagne en 1982, réfugié politique depuis 1986, Moto est, depuis, au centre des polémiques entre Madrid et Malabo. Il est condamné dans son pays à soixante-deux ans de prison pour son rôle présumé dans la tentative de coup d’État menée en mars 2004 contre le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Malabo n’a cessé de réclamer son extradition. En vain. En 2006, le Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, avait pourtant décidé de retirer à Moto son statut de réfugié politique. Mais le Tribunal suprême espagnol ne l’a pas suivi sur cette voie, estimant que l’Équatoguinéen ne constituait pas un danger pour la sécurité de l’Espagne. S’il est reconnu coupable, Severo Moto risque entre cinq et dix ans de prison.
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