Le bonheur, combien ça coûte ?

Publié le 21 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

On mesure souvent le progrès des nations à l’aune du compte en banque de leurs habitants. Mais les indicateurs économiques prennent moins en compte le bien-être individuel que la richesse collective. Depuis plus de trente ans, le roi du Bouthan, Sa Majesté Jigme Singye Wangchuck, milite donc pour imposer la notion de bonheur national brut (BNB), qui permet de définir le niveau de vie en des termes plus humains que le traditionnel produit intérieur brut (PIB). En somme, il s’agit d’une remise en cause des indicateurs productivistes au profit d’une « économie du bien-être ». En 1974, aux États-Unis, l’économiste Richard Easterlin, de l’université de Pennsylvanie, avait lui aussi « démontré » que la croissance économique n’apporte pas nécessairement plus de satisfaction. Il s’appuyait notamment sur l’exemple des Japonais, qui, malgré le boom sans précédent qu’avait connu leur pays du début des années 1950 à la fin des années 1970, n’étaient apparemment pas plus heureux. C’est ce qu’on a appelé le « paradoxe d’Easterlin ».
Avec la menace de récession qui se profile à leur horizon, les Américains se posent de nouveau la question. Ces jours derniers, deux économistes de l’université de Pennsylvanie, Betsey Stevenson et Justin Wolfers, ont « démontré », à l’inverse, que l’argent, s’il ne fait pas le bonheur, y contribue grandement. D’ailleurs, selon un sondage Gallup, 90 % des gens disposant d’un revenu annuel d’au moins 250 000 dollars se déclarent « très heureux », contre 42 % de ceux qui gagnent moins de 30 000 dollars par an.
La carte établie par Stevenson et Wolfers montre que cette opinion est largement partagée, y compris en Afrique, où les pays affichant l’indice de satisfaction le plus fort sont généralement ceux dont le revenu par habitant est le plus élevé : parmi eux, citons l’Afrique du Sud, le Botswana ou l’Algérie (revenu per capita : 3 000 dollars). Dans la catégorie intermédiaire figurent des pays manifestant un certain dynamisme économique, comme l’Égypte, l’Angola ou le Ghana. À l’inverse, le Bénin, le Togo, la Tanzanie, le Zimbabwe et l’Éthiopie pointent à la fois parmi les plus pauvres et parmi ceux dont l’indice de satisfaction est le plus faible.

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