Algérie : plusieurs dizaines d’arrestations lors d’une manifestation nocturne contre la présidentielle

Une vingtaine de personnes ont été arrêtées, mercredi 20 novembre, lors d’une première manifestation nocturne contre la présidentielle du 12 décembre en Algérie depuis le lancement dimanche d’une campagne perturbée par les opposants au scrutin. Le comité national pour la libération des détenus (CNLD) dénonce pour sa part l’arrestation de plus de 150 personnes.

Des manifestants à Alger, le 15 novembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Des manifestants à Alger, le 15 novembre 2019. © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Publié le 21 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.

« Non au vote ! »« on jure qu’il n’y aura pas de vote ! », scandaient plusieurs centaines de jeunes Algériens ayant répondu à des appels sur les réseaux sociaux. Ils ont marché du quartier populaire de Bab el-Oued jusqu’à la Grande Poste, bâtiment du centre d’Alger devenu le point de ralliement du « Hirak », le mouvement de contestation inédit dont l’Algérie est le théâtre depuis le 22 février. Ils ont ensuite été dispersés par des policiers en tenue anti-émeutes qui sont arrivés rapidement sur les lieux et ont arrêté au moins 23 personnes, ont relaté des journalistes de l’AFP.

Selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), 150 personnes ont été arrêtées lors de cette marche nocturne. Parmi eux, plusieurs activistes du « Hirak » dont la militante de l’association RAJ, Amel Hocine, le militant démocrate Adel Ricco, ou encore les étudiants Mustapha Benamzal et Kais Ould Amar, peut-on lire sur la page Facebook du comité.

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Après avoir obtenu, en avril, la démission d’Abdelaziz Bouteflika, président depuis vingt ans, le « Hirak » exige désormais le démantèlement du « système » politique au pouvoir depuis l’indépendance du pays, en 1962, et son remplacement par des institutions de transition. Il refuse notamment que le pouvoir en place organise le moindre scrutin, dont la présidentielle convoquée le 12 décembre pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, considérée comme visant à régénérer le régime.

Meetings perturbés

Aux commandes depuis la démission de l’ancien président, le haut commandement militaire incarné par le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, rejette catégoriquement les revendications du « Hirak » et toute autre sortie de crise que l’élection du 12 décembre. Depuis le début de la campagne dimanche, les déplacements des candidats et leurs réunions, pourtant placés sous forte protection policière, sont régulièrement perturbés par des manifestants hostiles à la tenue de l’élection.

Mercredi, Ahmed Gaïd Salah en a appelé aux « enfants fidèles » de l’Algérie et à leur « devoir envers la patrie » lors de la présidentielle. « J’insiste sur le mot “fidèles”, ces fidèles qui sont très nombreux sur tout le territoire national », a poursuivi le général, semblant les opposer aux Algériens qui rejettent massivement le scrutin. S’exprimant pour la seconde fois en 48 heures, il a invoqué « le sens du devoir envers la patrie » et souligné l’importance de s’en acquitter « avec efficacité », évoquant notamment « le rôle de sensibilisation des médias, des mosquées, des zaouïas [confréries soufies] et des imams ».

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