Felwine Sarr : « La France a manqué de solennité lors de la restitution au Sénégal du sabre d’El Hadj Oumar Tall »
Le sabre d’El Hadj Oumar Saïdou Tall est le tout premier bien culturel africain restitué par la France depuis la remise du rapport Savoy-Sarr à Emmanuel Macron, il y a un an. Felwine Sarr, écrivain sénégalais et co-auteur de ce document, revient sur l’importance de cette restitution, le processus mis en place par le Sénégal et les obstacles qui demeurent.
La première restitution d’un bien culturel africain depuis le rapport Savoy-Sarr en novembre dernier, a eu lieu ce dimanche 17 novembre à Dakar. Une cérémonie au cours de laquelle le Premier ministre français Édouard Philippe, en visite officielle, a restitué un sabre au président sénégalais Macky Sall. Une arme datant du XIXe siècle et ayant appartenu à El Hadj Omar Saïdou Tall, érudit musulman de la Tidjaniya, principale confrérie soufie du Sénégal, et guerrier originaire du Fouta-Toro, au nord du Sénégal, célèbre notamment pour avoir combattu les colons français à partir de 1850.
Le président de la République a fixé un objectif : réunir les conditions pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine culturel africain en Afrique.
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) November 17, 2019
Nous engageons aujourd’hui le processus de restitution au Sénégal du sabre d’El Hadj Oumar Tall. pic.twitter.com/evCQ82zFc7
La pièce, confisquée en 1893 au fils d’El Hadj Omar par les troupes françaises puis conservée au Musée des colonies de Paris (actuel Palais de la Porte dorée), a été rendue au Sénégal entre une vente de patrouilleurs et de missiles et un Forum sur la paix et la sécurité auquel participait le locataire de Matignon.
Une cérémonie historique et solennelle lors de laquelle le Premier ministre français s’est laissé aller à quelques digressions, évoquant son amour personnel pour ce type d’armes et son attachement tout particulier à son propre sabre d’officier. Mais aussi sur l’origine de la lame, manufacturée dans le Bas-Rhin.
« Un mélange des genres hors-sujet », regrette l’universitaire sénégalais Felwine Sarr, co-auteur avec l’historienne française Bénédicte Savoy du rapport sur la restitution du patrimoine africain spolié. Alors que le 23 novembre marquera la première année de la remise du rapport à Emmanuel Macron, Felwine Sarr revient, pour Jeune Afrique, sur l’importance de cette restitution, le processus mis en place par le Sénégal et les obstacles qui demeurent. Interview.
Jeune Afrique : Le sabre d’El Hadj Omar Tall est la toute première oeuvre restituée par la France depuis la remise de votre rapport à Emmanuel Macron. Pourquoi cet objet plutôt qu’un autre ?
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