Kofi Yamgnane
Membre de la commission Hortefeux sur l’immigration, l’ancien secrétaire d’État sous Mitterrand veut briguer la présidence togolaise en 2010.
La dernière fois qu’on l’avait aperçu, il venait de plonger dans le marigot politique togolais. C’était au début de 2005, au lendemain du décès du dictateur Gnassingbé Eyadéma. Aujourd’hui, c’est à Paris qu’il refait surface. Depuis qu’il siège à la commission créée au mois de février par Brice Hortefeux pour réfléchir à une modification de la Constitution de la Ve République destinée à permettre l’instauration de quotas d’immigration, Kofi Yamgnane intéresse à nouveau journaux, radios et télévisions. La vérité est que personne ne comprend vraiment pourquoi l’ancien secrétaire d’État à l’Intégration sous François Mitterrand, qui fut député-maire de la petite commune bretonne de Saint-Coulitz, lui qui reste le symbole d’une intégration réussie de la communauté africaine à la société française, a accepté d’associer son nom à celui du très controversé ministre français de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement.
Nouveau débauchage ? Nouvelle trahison ? « Ni l’un ni l’autre, proteste-t-il. On m’a proposé d’entrer dans le gouvernement de François Fillon, et j’ai refusé. Mais cette fois, c’est différent. L’immigration est un dossier important, dont je pense pouvoir parler légitimement. Participer directement aux débats rend ma voix plus audible lorsque je dénonce la politique des quotas. » Le « Celte noir », comme on le surnomme parfois, s’est d’autant moins posé de questions qu’il sait que « la législation qui en découlera concernera d’abord les Africains ».
Sans doute est-ce une manière de tirer un trait sur sa carrière politique en France. Vice-président sortant du conseil général du Finistère, où il était chargé de la politique de l’eau et de l’environnement, il ne s’est pas représenté aux dernières élections cantonales, en mars. Il envisage de publier une « réponse collective » aux « six cartons » de lettres d’insultes reçues dans le cadre de ses fonctions et collabore à la rédaction de deux ouvrages le concernant.
C’est qu’à 62 ans Yamgnane souhaite désormais se consacrer à son pays natal. « Je vais m’installer dans mon village de Bangéli, dans le centre-ouest du Togo », confie-t-il. Mais qu’on ne s’y trompe pas : il n’a nulle intention de couler une retraite paisible sur les hauts plateaux du pays akposso. C’est même le contraire puisque, pour la deuxième fois, il envisage d’être candidat à l’élection présidentielle, en 2010. Mais pas question, pour l’instant, de créer son propre parti. « Aujourd’hui, estime-t-il, c’est d’abord sur la société civile qu’il faut compter. Des formations d’opposition qui n’ont pas réussi à s’imposer en quarante ans d’existence ne sont pas crédibles. » Yamgnane souhaite plutôt mettre en place une structure dont les contours restent pour l’heure assez flous, mais dont le programme tient en une phrase : proposer aux Togolais, dont les conditions de vie sont « pires qu’au temps des colonies », une vraie alternative économique, politique et sociale. Convaincu que « même une chèvre gagnerait contre Faure », l’actuel président, il espère simplement que, cette fois, le scrutin se déroulera « dans la plus grande transparence »Â
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