Kinshasa, Pékin et le FMI

Dérapage de l’inflation, hausse des dépenses publiques… les bailleurs de fonds s’interrogent sur la capacité du pays à renouer avec une gestion équilibrée.

Publié le 21 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Les dérapages budgétaires survenus entre décembre 2007 et janvier 2008 ont fait l’effet d’une « douche froide », explique un fonctionnaire international pour résumer l’état d’esprit de la communauté des bailleurs de fonds. « La mise en oeuvre du programme de référence jusqu’à la fin de 2007 a donné des résultats mitigés », a dénoncé en février dernier le Fonds monétaire international (FMI) à l’issue d’une mission à Kinshasa. En cause, une hausse sensible des dépenses publiques, notamment dans le domaine sécuritaire pour financer les opérations militaires au Kivu. À la clé, une nouvelle dépréciation du franc congolais de 8 % et un retour de l’inflation, dont le taux annualisé s’établissait à 16 % à la fin janvier. Sans remettre en cause la perspective d’un accord triennal, en 2008, au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC), le FMI insiste sur la nécessité d’un retour à l’équilibre. La RD Congo pourrait alors atteindre le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et voir annuler une partie de sa dette extérieure, qui s’élevait à 10,8 milliards de dollars à la fin de l’année 2006. Mais à dire vrai, si les institutions internationales demandent à Kinshasa un peu plus de rigueur, elles exigent surtout de connaître le contenu exact de l’accord signé en septembre 2007 avec la Chine.
Depuis, les négociations se sont poursuivies avec Pékin. Outre la somme de 6 milliards de dollars allouée à parts égales au développement des infrastructures et au secteur minier, la Chine accorderait une troisième enveloppe de 3 milliards supplémentaires. Pour ce « troc minerais contre dollars », un joint-venture doit réunir un consortium chinois qui détiendrait 68 % du capital (composé de China Railway Engineering Corporation et Synohydro, et Exim Bank), et la Gécamines 32 %. « Nous n’avons pas encore vu l’accord final. S’agit-il d’une dette publique ou privée ? Les prêts consentis sont-ils concessionnels ? » s’interroge un expert du FMI qui craint un risque de surendettement et, à terme, une crise de solvabilité de la RDC. « C’est toujours dans le détail que se trouve le diable », conclut-il.

Décision politique
« Nous avons un débat avec les bailleurs de fonds mais ce serait une erreur de comparer les performances budgétaires de la RD Congo avec celles d’autres pays. Nous travaillons en flux tendu et le moindre imprévu provoque forcément des tensions. Quant à l’accord avec la Chine, on ne peut pas nous demander de redresser l’économie sans nous donner les moyens de moderniser nos infrastructures. La coordination des ressources extérieures est notre priorité, mais il ne faut pas prononcer de fatwa contre la Chine », réplique le ministre du Plan, Olivier Kamitatu, avant d’ajouter : « La décision finale du FMI sera politique. » Une façon de placer les institutions de Bretton Woods devant leurs responsabilités. L’arrivée des Chinois relève de la souveraineté congolaise. À défaut d’entériner cette nouvelle donne, les Occidentaux prendraient le risque de laisser le champ libre à l’empire du Milieu. La décision du FMI pourrait intervenir à la fin du premier semestre 2008.

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