Inviter Ahmadinejad en France ? Oui !

La secrétaire d’État a également accordé une longue interview au quotidien israélien. Extraits.

Publié le 21 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

Haaretz : La France est-elle antisémite ? Est-elle islamophobe ?
Fadela Amara : Ni l’un ni l’autre. Nous sommes de bons élèves. Nous avons réduit le nombre des actes antisémites, mais cela ne suffit pas, il faut continuer. Quant à l’islamophobie, il n’y en a pas. C’est une invention des islamistes qu’il ne faut pas prendre au sérieux.
Mais n’y a-t-il pas, en France, un racisme antimusulman ?
Il faut faire attention à la terminologie. L’antisémitisme est une réalité et nous savons exactement les conséquences qu’il a eues dans notre histoire. Il n’y a rien de comparable. Je me refuse à accepter les leçons de morale de quelques intellectuels musulmans qui mettent en parallèle « l’islamophobie » et « l’antisémitisme ». Quand il y a des actes antimusulmans, leur religion n’a rien à y voir. Ce sont des actes racistes, point. Vous ne pouvez pas comparer l’Holocauste et la mémoire de la Shoah à mes souvenirs personnels, qui relèvent de la colonisation de l’Algérie. Il est exact que mon père, qui est né pendant la période coloniale, a été privé de ses droits. Il n’a pas été autorisé à aller à l’école, et je ne peux que regretter ces « moments sombres » de l’histoire de France. Mais ils n’ont rien de commun avec la « solution finale ». L’Holocauste a été l’acte le plus barbare que le monde ait connu. De toute façon, personne ne peut être autorisé à contester le droit d’Israël d’exister, comme fait ce dingue de président iranien. Mais en même temps il faut agir pour créer l’État palestinien, ce qui réglerait une bonne partie du problème du Moyen-Orient.
Le président Mahmoud Ahmadinejad – ce « dingue » , comme vous dites – peut-il être invité en France ?
Oui. Nous devons pouvoir recevoir même les pires tyrans pour pouvoir leur dire en face ce que nous avons à leur dire. Parallèlement, nous devons nous assurer que les pouvoirs publics prennent des mesures contre les pays qui ne respectent pas certains principes, comme les droits de l’homme.
Quel est votre point de vue sur la publication des caricatures du prophète Mohammed ?
En tant que partisane convaincue de la liberté d’expression, j’y suis favorable. Je comprends que certains puissent s’en offenser, mais je ne comprends toujours pas que cette publication ait pu déclencher un tel scandale.
Êtes-vous également favorable à la distribution du film du Néerlandais d’extrême droite Geert Wilders, qui prétend que le Coran est un livre fasciste et le compare à Mein Kampf ?
Oui ! Je suis contre la comparaison avec Mein Kampf, mais je suis prête à me battre pour qu’on puisse s’exprimer conformément à ses convictions.
Même si c’est une provocation ?
Oui. Aucun film sur l’islam ni aucune caricature du Prophète avec une bombe sur la tête n’ébranleront mes convictions. S’il y a des gens qui croient que l’islam est une religion de terroristes, il faut qu’ils puissent le dire et que je puisse leur répondre. C’est l’essence même de la démocratie.

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