Hommages

Publié le 21 avril 2008 Lecture : 2 minutes.

René Depestre
Écrivain haïtien, France
Ses combats ne furent pas que littéraires
« J’ai du mal à imaginer que Césaire n’est plus. De son vivant, il m’a toujours frappé par son énergie vitale. Sa disparition aujourd’hui m’attriste énormément. J’ai fait sa connaissance en 1944 lorsqu’il est arrivé en Haïti pour donner des cours de littérature à de jeunes Haïtiens dans le cadre d’un programme de coopération. Il était jeune, plein de fougue et faisait aimer les Baudelaire, les Mallarmé, les Rimbaud. J’étais alors lycéen. À la fin de la journée, j’allais l’écouter religieusement. Nous sommes devenus des amis lorsque je suis arrivé à Paris après la guerre. J’étais pauvre, sans le sou, mais Césaire m’invitait régulièrement chez lui. Il tenait à l’époque une sorte de salon où j’ai pu rencontrer les Picasso, les René Ménil, les Leiris. C’était une expérience extraordinaire pour moi.
Nos relations ont connu quelques turbulences lorsqu’il y a eu dans les pages de la revue Présence africaine un débat intense sur la question de littérature nationale. Nos positions n’étaient pas si éloignées, mais il y a eu des malentendus. En réalité, je me suis retrouvé au milieu d’un règlement de comptes entre Césaire et Aragon. Nos différends concernaient également la négritude. J’ai toujours pensé que la négritude était un passage vers un humanisme plus universel. Nous avons aplani nos différends en 2003, en Martinique, où j’ai participé aux célébrations du 90e anniversaire de Césaire. Le vieil homme avait les larmes aux yeux en écoutant ses amis, ses admirateurs ainsi que ses administrés de Fort-de-France lui rendre hommage. C’est la dernière image que je garde de ce grand poète dont les combats ne furent pas que littéraires. »

Lilyan Kesteloot
Universitaire belge, Dakar
La négritude a, hélas, encore de l’avenir
« La négritude ne mourra pas avec Césaire car elle correspond à une tendance de fond. Aujourd’hui, on assiste d’ailleurs à une résurgence des valeurs de la négritude parmi les nouvelles générations. En fait, tant qu’il y aura du racisme, il y aura la négritude. Qu’on le veuille ou non, les traces de la colonisation sont profondes dans les sociétés africaines. Il nous faudra plusieurs générations pour que ces traces s’estompent enfin. La négritude a malheureusement encore de l’avenir. »

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Boniface Mongo-Mboussa
Critique littéraire congolais, Paris
Au service des Nègres
« Aimé Césaire était un modèle pour nous tous. Il incarnait le courage et l’intégrité. Il a pris des positions saines dans les batailles idéologiques et politiques, notamment quand il s’est élevé contre le paternalisme de gauche dans sa Lettre ouverte à Maurice Thorez malheureusement peu connue du grand public. Il demandait que le communisme soit au service des Nègres et non le contraire. C’était l’époque du communisme conquérant, il fallait l’oser ! »

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