[Tribune] Mayotte vaut bien un chèque

Le 26 avril, moins de 24 heures après le passage du cyclone Kenneth, les habitants de Moroni se sont empressés de redresser la pancarte branlante qui domine le vieux port aux boutres pour affirmer, un peu solennellement, que « Mayotte est comorienne et le restera à jamais ».

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  • Olivier Caslin

    Spécialiste des transports et des questions économiques multilatérales. Il suit également l’actualité du Burundi, de Djibouti et de Maurice.

Publié le 26 novembre 2019 Lecture : 1 minute.

Un quartier de Moroni, aux Comores, le 2 juillet 2008 (Illustration) © Woodlouse/CC-BY-SA 2.0
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Comores : nouveaux horizons

Profitant du retour de la stabilité politique, le président Azali Assoumani, aisément réélu en avril, rencontre les investisseurs à Paris les 2 et 3 décembre. Objectif : les convaincre de miser sur l’archipel.

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Comme si la priorité était bien de répondre à la pancarte identique installée sur la corniche de Mamoudzou, la préfecture du 101e département français, et qui clame, avec tout autant de solennité, le contraire.

Un dialogue de sourds qui n’empêche pourtant pas la France et l’Union des Comores d’avoir ouvert, ces dernières années, la phase de négociations la plus fructueuse sur la question depuis longtemps. Les relations entre les deux présidents sont d’ailleurs, semble-t-il, au beau fixe ces derniers mois. Invité à la fin de juillet à Paris par son homologue français, le président Assoumani Azali est reparti chez lui avec un accord-cadre « qui ouvre de nouvelles perspectives », selon la formulation officielle, qui parle aussi un peu plus bas de « changement de paradigme ».

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« Fixer les populations »

En dehors du fait d’avoir associé les Mahorais dans des discussions devenues – enfin – tripartites, le changement annoncé reste bien timide. Le visa Balladur imposé aux Comoriens reste en place, mais doit être assoupli au cas par cas pendant que la France accorde, par l’intermédiaire de l’AFD, une enveloppe de 150 millions d’euros sur trois ans pour développer à travers le territoire les secteurs de la santé et de l’éducation, ainsi que celui de l’agriculture.

« L’objectif est de mieux fixer les populations », décrypte un observateur. Et de leur ôter l’envie de sauter dans le premier « kwassa kwassa » quittant Anjouan.

Au moment où Azali Assoumani s’apprête à se rendre à Paris pour demander un peu plus de 4 milliards d’euros à ses partenaires internationaux, le geste de la France peut apparaître comme sa contribution directe au développement des Comores. Mais certains détracteurs estiment que, en signant ce chèque, l’Hexagone s’offre surtout un peu de répit à bon compte.

« Mayotte n’est pas à vendre », répond Mohamed El-Amine-Souef, le ministre comorien des Affaires étrangères. Mais la paix si, notamment sur le territoire national le plus défavorisé de la République française. D’autant plus que les premières vapeurs d’hydrocarbures qui remontent des grands fonds du canal du Mozambique pourraient bien échauffer davantage les esprits dans les différents camps.

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