[Édito] Demain, les Comores
Si la stabilité politique est acquise aux Comores, et la page des coups d’État incessants désormais tournée, l’économie du pays peine à décoller. La Conférence des partenaires au développement des Comores, les 2 et 3 décembre à Paris, sera donc cruciale.
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 25 novembre 2019 Lecture : 2 minutes.
Comores : nouveaux horizons
Profitant du retour de la stabilité politique, le président Azali Assoumani, aisément réélu en avril, rencontre les investisseurs à Paris les 2 et 3 décembre. Objectif : les convaincre de miser sur l’archipel.
« Quand j’ai quitté le pouvoir, je pensais que ma mission était terminée. Nous avions organisé les élections, mis en place les structures nationales, avec une assemblée, un gouvernement comptant des représentants de chaque île, et je pensais pouvoir me retirer. Je me sens garant du système d’élections tournantes [un mandat de quatre ans pour chacune des trois îles, à tour de rôle] que nous avons mis en place en 2001. J’ai pensé qu’il était de mon devoir de le perfectionner pour pérenniser la stabilité politique du pays. »
Quand il est revenu à la tête des Comores, en 2016, dix ans après sa première expérience, Azali Assoumani avait une priorité : revoir de fond en comble un système de gouvernance qu’il n’estimait plus guère adapté aux besoins du pays.
Objectif : l’émergence en 2030
La stabilité politique étant quasiment acquise, dans un pays à l’histoire mouvementée, marquée par près d’une vingtaine de tentatives de coups d’État entre 1975 et 2009, date de la dernière crise séparatiste d’Anjouan, le principal défi réside dans le développement des trois îles.
Objectif fixé par le chef de l’État : l’émergence en 2030. Avec la révision constitutionnelle de 2018, qui maintient le principe de rotation mais introduit un mandat de cinq ans renouvelable une fois, il s’est donné les moyens de ses ambitions, notamment pour mettre en place une stratégie qui peut désormais s’inscrire dans la durée.
Malgré un taux de croissance de 3 % en moyenne depuis 2011, l’économie comorienne peine à décoller. Les infrastructures restent, en général, en mauvais état, et la crise énergétique que connaît le pays depuis près d’une décennie est à peine résorbée. Qu’il s’agisse de restructurer l’État et son administration pléthorique pour assainir les dépenses publiques ou de lancer la nécessaire diversification créatrice de richesse et d’emplois dans un pays où un habitant sur deux est au chômage, les chantiers sont légion. Sans oublier la lutte contre la corruption, qui a longtemps été endémique sur l’archipel.
Test crucial
Dans ce contexte socialement délicat, l’apport de la diaspora comorienne est loin d’être anodin. Estimée à près de 300 000 personnes rien qu’en France, celle-ci contribue chaque année à plus de 20 % du PIB.
Mais cet apport sans organisation ni planification ne participe que très marginalement à l’économie et au développement de l’île, permettant essentiellement aux familles des expatriés de vivre plus confortablement et alimentant une économie rentière sans réelle création d’activité. Si demain cette manne pouvait se transformer en investissements, ce serait un catalyseur inestimable de la relance économique espérée.
À l’État de jouer sa partition afin d’inciter les Comoriens de l’étranger à rentrer au pays pour y créer leurs entreprises. Notamment dans les secteurs qu’il a lui-même érigés au rang de priorités, comme l’agriculture, la pêche et le tourisme.
Vanille, ylang-ylang, girofle, cacao, ressources halieutiques immenses, potentiel touristique rare… Les atouts dont dispose l’archipel sont réels. Reste le nerf de la guerre : les financements. La Conférence des partenaires au développement des Comores, les 2 et 3 décembre à Paris, représente un test crucial. Moroni espère lever plus de 4 milliards d’euros pour financer ses projets. Espérons que les bailleurs de fonds et les investisseurs privés sauront répondre à cet appel.
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