« Bangalore » à l’ivoirienne
S’inspirant de l’exemple de l’Inde, la Côte d’Ivoire dote Abidjan d’une zone franche à l’intention des entreprises de l’informatique et des biotechnologies.
Diversifier l’économie et créer à terme plus de 40 000 emplois. C’est tout l’enjeu de la création à Abidjan d’une zone franche de biotechnologie et des technologies de l’information et de la communication (TIC), qui doterait la Côte d’Ivoire d’un pôle de compétitivité internationale attirant des investissements privés. Quatre ans après le vote de la loi en 2004, et malgré la crise, plusieurs entreprises ont confirmé leur installation dans le futur parc technologique Mahatma-Gandhi, qui sera construit sur un terrain de 600 hectares dans la commune de Grand-Bassam, à 40 kilomètres de la capitale économique ivoirienne.
À l’origine du projet, le président Gbagbo et Vincent Gadou Kragbé, son conseiller spécial en charge des TIC. En collaboration avec des experts nationaux et internationaux, ce dernier a conduit les études de faisabilité et les visites à l’étranger, qui l’ont amené à fortement s’inspirer de l’Inde, un pays qui compte soixante parcs technologiques. Elles ont également conduit à la création en novembre 2006 de Vitib-SA (Village international pour les technologies de l’information et la biotechnologie), une société autonome en charge de la promotion et de l’exploitation du parc, dirigée par Vincent Kragbé et son adjoint Manas Pattnick, un Indien à l’origine de projets similaires dans son pays. Vitib-SA compte parmi ses actionnaires des entreprises ivoiriennes publiques (SIR, Petroci), et privées (MTN Côte d’Ivoire, Atlantique Télécom), mais aussi des groupes étrangers tels que Huassen Investment (Chine), ou India Builders Corporation (Inde), pour un capital de 3 milliards de F CFA (4,5 millions d’euros).
Rentable dans trois ans
Fondant ses revenus futurs sur la contribution des promoteurs, la location des infrastructures et d’autres prestations, « elle devrait dégager un fort taux de rentabilité, soit 19 %, dès la troisième année d’exploitation », commente Vincent Kragbé. Une augmentation de capital est déjà prévue pour répondre à de nouvelles sollicitations. Grâce à une fiscalité attractive, les installations du parc pourront accueillir des entreprises de service, de production et de R&D, toutes évoluant dans la biotechnologie et les TIC. Ces deux secteurs ont l’avantage de faire appel à des infrastructures similaires et de représenter des gisements d’emplois importants. À ce jour, les entreprises qui s’intéressent à Vitib proviennent essentiellement des TIC. Citons, entre autres, ANT, société franco-chinoise, qui prévoit l’ouverture d’une usine d’assemblage, CTV Global, un spécialiste de la téléphonie sur Internet (VoIP), ou encore Evotech, éditeur de logiciels de sauvegarde en ligne. Côté grands groupes, Vitib-SA serait en négociations avec l’un des grands équipementiers chinois de télécoms.
Le coût de la première phase du projet s’élève à 100 millions dollars sur vingt ans, dont 20 millions accordés par le gouvernement indien à la fin de 2007. Le reste doit être financé par des prêts à taux concessionnels, pour lesquels des organismes tels que la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la Banque africaine de développement (BAD) seront sollicités. Par la suite, le parc accueillera des activités commerciales et récréatives, notamment un centre international d’expositions, un hôtel 7 étoiles et un golf 18 trous, des infrastructures qui devraient porter le coût à 165 millions d’euros.
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