Almanach de l’islamophobie
Il ne se passe plus un jour sans que l’Europe ne prenne à partie l’islam et les musulmans. Je me propose de vous fournir l’almanach de ces attaques grotesques, ?moi qui vous ai habitués à la liste des fatwas ridicules. Façon de montrer que la bêtise est la chose la mieux partagée au monde. Voici donc le calendrier à rebours de l’islamophobie.
Avril 2008 : profanation du cimetière de Notre-Dame-de-Lorette par des barbares qui se réclament d’un pays civilisé. Depuis, je suis devenue une fan de Rachida Dati, je vous jure !
Mars : un haineux parlementaire hollandais diffuse sur Internet un film-pamphlet contre le Prophète de l’islam. Devant l’offense faite à une communauté de plus d’un milliard de musulmans, l’Europe hausse à peine le sourcil, le film tournera en boucle, au nom d’une sacro-sainte liberté d’expression à deux vitesses, comme tout le monde sait.
Mars encore : la presse occidentale publie le portrait d’un journaliste égyptien assorti d’une notoriété inventée, un illustre inconnu, wallah ! qui va devenir, par la grâce de sa conversion au christianisme, un VIP du Vatican. Qu’un musulman rejoigne la maison du Christ, c’est son affaire. Mais que le pape ait l’impudeur de fêter en grande pompe l’entrée dans la maison chrétienne, dite de l’Amour, de quelqu’un dont les propos suintent la haine contre ses ex-coreligionnaires, non ! Saviez-vous que Maurice Béjart est mort musulman ? Pas sûr. Parce que les médias n’ont pas cru bon de le signaler. La conversion de l’un des plus grands artistes du XXe siècle n’a pas bénéficié de publicité. Et c’est tant mieux. Les muftis de l’islam ont eu la décence de ne pas faire leur propagande sur son dos. Et puis si les mosquées commençaient à faire des youyous autour de convertis pourfendeurs du Christ et profanateurs de Marie, je me sentirais très mal.
Février : les caricatures de Mohammed bénéficient de nouveaux procès et, par conséquent, de nouvelles publications, comme si les précédentes ne suffisaient pas. L’Europe s’offusque devant ces « hordes » de musulmans descendus dans les rues d’Amman ou de Karachi, oubliant que c’est elle-même qui a déclaré les hostilités. Quelques semaines auparavant, la même Europe se disait prête à payer de sa poche la sécurité d’une Somalienne qui avait enrichi l’humanité d’une ÂÂuvre majeure : tirer sur la barbe de quelques enturbannés aux frais du contribuable hollandais !
On ne va pas me dire que toutes ces provocations partent de bons sentiments. Que la confusion entre terrorisme et islam n’est pas savamment entretenue. Qu’il ne s’agit pas d’une imposture consistant à confondre haine et critique, insulte et liberté d’expression. Je ne voulais pas conclure à la théorie du complot. Mais, l’autre jour, un de mes collègues m’a dit : « Fawzia, tu n’as rien compris, tout ça, c’est de la politique. » Je vais finir par lui donner raison.
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