Africanité ne rime pas avec négrité

Avec son franc-parler habituel, l’auteur de Je suis noir et je n’aime pas le manioc (Max Milo Éditions, 2004) nous livre sa réaction sur la crise zimbabwéenne.

Publié le 21 avril 2008 Lecture : 1 minute.

Ces derniers temps, j’ai beaucoup réfléchi à l’évolution de l’Afrique – j’y ai même consacré un livre (Les Hirondelles du printemps africain, J.-C. Lattès, 2008, NDLR) – et le cas du Zimbabwe m’attriste profondément. Il montre la nécessité pour les Africains de sortir définitivement du complexe du colonisé, de ce rapport dominant/dominé avec les Blancs. Nous devons nous libérer de nous-mêmes, et cela représente une victoire psychologique plus difficile à obtenir que la victoire par les armes – celle des luttes anticoloniales. Le vrai travail, le plus difficile, commence après les indépendances.
Beaucoup d’Africains sont convaincus que les Blancs ne peuvent être africains. Même Cheikh Anta Diop pensait, selon une fraternité « colorielle », qu’africanité rime avec négrité. Or c’est une erreur. C’est justement parce que les Blancs du Zimbabwe sont africains qu’ils souffrent. S’ils avaient émigré en Grande-Bretagne, ils seraient à l’abri des brimades du pouvoir de Harare. Qu’on se souvienne de l’Algérie : en expulsant ses pieds-noirs, celle-ci a non seulement commis une erreur économique – du temps des colonies, 90 % du savoir-faire était entre les mains des Blancs – mais aussi une énorme injustice.
En 1980, Mugabe affirmait ne pas vouloir tomber dans ce piège. Vingt ans après, on a vu ce qu’il en était. L’Afrique du Sud, en revanche, a réussi là où le Zimbabwe a finalement échoué. Mais Thabo Mbeki est victime d’une solidarité de combat avec le leader de la Zanu-PF, alors qu’il est la seule personne que celui-ci serait susceptible d’écouter. Quant à Nelson Mandela, s’il ne se prononce pas au sujet de Mugabe, c’est qu’il en pense du malÂ

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