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Publié le 24 avril 2003 Lecture : 9 minutes.

Péril en la demeure
Lors de sa prise du pouvoir en 1965, Mobutu avait tout pour réussir : il était en bonne santé, l’armée et le peuple lui faisaient confiance, le pays était plein de promesses. Mais on connaît la suite. Kabila n’a pas compris que l’important est de faire en sorte que le peuple vive heureux et mange à sa faim. Sa fin sordide n’a servi à rien. Son successeur se moque du peuple. Les Zaïrois de naguère qui se croyaient affranchis par les Kabila (père et fils) déchantent. Il y a vraiment un nouveau péril en la demeure.

Pomme de discorde
J’ai lu avec intérêt l’article consacré au Nigeria : « Les raisons d’une explosion » (n° 2203). La répartition des revenus du pétrole est la pomme de discorde entre le Nord, qui n’a pas de pétrole mais qui a eu le pouvoir politique durant de nombreuses années, et le Sud, qui produit le pétrole. Il suffit de voir la ville de Warri pour comprendre l’exaspération des habitants du Delta. Les compagnies pétrolières n’ont pas joué leur rôle dans le développement de la région, se contentant d’arroser les chefs et rois locaux.

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Fusion 24/04/2003, Cette guerre me dépasse
Cette guerre me dépasse
En Tunisie, certains, en réaction avec la guerre en Irak, ont eu des attaques cardiaques, des crises de nerf ou de folie. Ils ont été envahis par des sentiments haineux, xénophobes et de vengeance contre les Américains, les Anglais et les Israéliens. Moi, au contraire, je suis resté calme et lucide. À quoi bon me malmener physiquement et psychiquement alors que tout a été programmé et planifié d’avance par la superpuissance américaine ? Cette guerre me dépasse.

Peur sur l’Amérique
Lorsque le 11 septembre 2001 les avions terroristes s’abattaient sur les tours jumelles à New York, le monde entier était horrifié, enfin presque. J’ai ressenti de la honte en tant que musulman et admirateur de la civilisation arabe. Je constate que ceux qui ont pavoisé en voyant l’Amérique blessée sont ceux qui sont les plus peinés aujourd’hui face à la guerre en Irak. Personne n’est contre le peuple irakien, personne n’approuve la guerre, encore moins la mort de civils innocents. Mais l’Amérique a réagi ainsi parce qu’elle a peur.

État voyou toi-même
Parce qu’il possède aujourd’hui les armes les plus puissantes, l’aigle américain légitime le droit du plus fort. Au nom de ce droit, il empêche d’autres pays souverains, qu’il surnomme « États voyous », de développer leur armement. Pourtant, l’Amérique est elle-même devenue un « État voyou ». Au lieu de gaspiller des sommes astronomiques pour combattre l’Irak, elle aurait pu les investir dans les pauvres. Et se rappeler ce proverbe zoulou : « Nous sommes les uns grâce aux autres. » Le sida, le paludisme et la faim sont tout aussi bien des armes de destruction massive.

Je voudrais dire…
Devant cette tragédie irakienne, je voudrais dire à Bush, à ce sinistre conquérant et à tous ceux qui pavoisent autour de lui : avez-vous vu ces enfants brûlés, ces mères éplorées, ces cadavres calcinés et toutes ces ruines fumantes ? Ou bien êtes-vous à ce point aveuglés par la cupidité et l’arrogance ? Je voudrais dire à ces représentants du monde libre et civilisé : qu’appelez-vous le « Mal » et comment justifiez-vous toutes les souffrances que vous avez infligées à des innocents ? Je voudrais dire à Bush : que feriez-vous si l’on s’avisait un jour de brûler ou de massacrer un membre de votre famille ou même votre chien ?
Je voudrais dire à tous ces Occidentaux choqués par le luxe des palais de Bagdad : quel est le chef d’État qui ne s’entoure pas du luxe le plus ostentatoire et le plus extravagant ? Ou bien un chef d’État arabe ne doit-il pas être l’égal de ses pairs ? Je voudrais dire à tous ces pauvres Irakiens si naïfs, voire stupides, et surtout à ces opposants à la noix, qu’ils aillent pavoiser devant les morgues et les hôpitaux qui abritent leurs frères assassinés ou meurtris par leurs « libérateurs ».
Je voudrais enfin dire à tous les Arabes : qu’avez-vous fait de votre fierté légendaire ? De votre shahama (« grandeur d’âme »), de votre majd (« gloire »), de votre izza (« dignité »), de votre sharaf (« honneur »)… Le calife abbasside Al-Ma’moun, lui qui n’a pas hésité à faire assassiner son frère Al-Amin pour empêcher le monde arabe de tomber entre les mains d’étrangers, ce pauvre Al-Ma’moun et tant d’autres majestés musulmanes doivent se retourner dans leurs tombes.
En tant qu’Arabe et musulmane, je ne peux rester insensible à ce désastre, à cette honte qui accable encore un peu plus ce monde arabo-musulman profondément humilié par Israël, les États-Unis et par tous ces donneurs de leçons de morale et de « savoir-être ».
R.J.-M., Tunis, Tunisie

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Les nations désunies
Si la nuit du 19 au 20 mars a marqué le début du terrorisme américano-britannique en Irak, elle a sonné aussi la mort tacite de l’Organisation des Nations unies. Née en 1945 sous les cendres de la défunte Société des nations (SDN) avec pour mission de préserver la paix, l’ONU a lamentablement échoué. Incapable de faire respecter sa Charte, elle n’a pas pu empêcher l’agression d’un État membre par d’autres États membres. Qu’on le veuille ou non, une nouvelle ère commence, celle des Nations désunies.

Un bled à occuper
L’ambition de Bush rejoint celle de Roosevelt qui, préparant avec un certain enthousiasme l’avance victorieuse en France, avait décidé de créer l’Amgot : un organisme destiné à imposer à la France un gouvernement américain, ayant déjà frappé monnaie et désigné les « administrateurs militaires ». Atteints d’un syndrome aigu de colonialisme, les Américains avaient décidé que le France serait « américanisée »… Malheureusement pour eux, ils se sont déjà heurtés à la Résistance française avec à sa tête un certain général de Gaulle. Depuis ce moment-là, les USA cherchent un « bled à occuper » pour l’éduquer démocratiquement avec McDo, chewing-gums et autres gadgets.

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Un crime contre l’humanité
En 1991, les États-Unis ont attaqué l’Irak à cause du Koweït. En 2003, la raison de l’invasion de l’Irak est injuste et amorale, voire tyrannique. C’est un crime contre l’humanité, contre la Déclaration universelle des droits de l’homme et contre la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres États. C’est une barbarie qui a réduit à l’impuissance les chefs d’État du monde entier.

Un coup d’État propre
Le coup d’État réussi par le général Bozizé, en Centrafrique, devrait être légitimé par l’Union africaine (UA). Il inaugure une autre possibilité de se débarrasser de certains chefs d’État qui conduisent leur pays à la clochardisation. La démocratie se cherche à travers un long processus qui dure des décennies avec des va-et-vient, n’en déplaise aux « démocrates de salon » qui veulent brûler les étapes. C’est la raison pour laquelle la démocratie africaine doit poursuivre sa très longue marche d’adaptation en tenant compte des réalités locales. Je préconise que l’UA reconnaisse désormais le coup d’État quand il est propre, comme cela s’est produit il y a quelques années au Mali.

La mort de Rachel
Je tiens à vous remercier pour la façon dont vous avez couvert la tragique disparition d’un membre du Mouvement international de solidarité, Mlle Rachel Corrie, le 16 mars dernier à Rafah, en Palestine. Les photos que vous avez publiées (n° 2202) indiquent que l’action non violente engagée par Rachel Corrie ne mettait pas en danger la vie du conducteur du bulldozer israélien. La brutalité de la mort de cette jeune femme montre que, quelle que soit la nationalité des personnes qui veulent s’interposer dans le conflit israélo-palestinien, le dialogue est très difficile à établir. Souhaitons, cependant, que la mort de Rachel, peut-être plus médiatisée que celle d’autres victimes palestiniennes ou israéliennes, nous oblige à ne pas rester indifférents à ce conflit.

Bonaparte noir
Les écrits de Francis Kpatindé m’ont permis de creuser en profondeur pour en savoir un peu plus sur Haïti (n° 2204), ce pays zombi (vombi en kikongo signifiant l’individu sortant du tombeau). Mais qui était ce personnage énigmatique de Toussaint-Louverture ? Pourquoi a-t-il été emprisonné et assassiné par les troupes de Napoléon ?

Fuite de sujets
La Mauritanie est, comme plusieurs autres pays africains, touchée par la fuite des sujets d’examen au profit d’une minorité de la population. C’est une honte. Mon pays a besoin d’un développement durable dans la démocratie.

Le Sahara en pointillé
Je vous écris pour vous exprimer mon incompréhension devant votre « brève » publiée le 30 mars 2003 [n° 2203] concernant l’ouvrage Maroc : le Grand Sud. Vous écrivez, à propos du Sahara : « C’est probablement la partie du Maroc qui enchante le plus les sportifs, les randonneurs et les amoureux de la nature. D’Agadir à Lagouira… » Un magazine d’une aura telle que Jeune Afrique/ l’intelligent, avec une distribution internationale sans égale pour un journal traitant de ce continent, ne devrait pas se permettre de reproduire dans ses pages des contre-vérités évidentes. Est-il utile de vous rappeler que le territoire du Maroc n’inclut pas le territoire du Sahara occidental ?
Vous n’êtes pas sans savoir qu’un référendum est toujours à l’ordre du jour et que ce dernier devrait déterminer si ce territoire doit accéder à l’indépendance ou être intégré au Maroc. Tant que la solution n’a pas été déterminée, toute autre interprétation n’est, au mieux, qu’une anticipation de ce qui pourrait advenir de ce territoire à l’avenir et, au pire, une manipulation politique, ce que je n’ose même pas imaginer de la part d’un journal de votre qualité.

Maroc : La démocratie pour tous
Si l’on me demandait mon « sport » préféré, je dirais lire J.A./l’intelligent dans le métro parisien. Je tiens à remercier, tous les journalistes de l’intelligent pour la qualité, la pertinence et le courage de leurs analyses. Merci aussi pour la participation des lecteurs qui veillent sur la qualité de leur magazine, car c’est l’affaire de tout le monde de défendre une telle qualité plutôt rare et de l’améliorer. De ce principe, j’aimerais rebondir sur l’article de Samy Ghorbal : Une autre « marche verte » ? Pour Samy Ghorbal, tout le monde est dans le même sac : modérés, radicaux, monarchistes ou salafistes, peu importe. Quand j’ai lu la première phrase de l’article je n’ai pas pu m’empêcher de sourire en pensant au « Post-Scriptum » de Fouad Laroui (J.A.I. n° 2191) : « … Peu importe Kill him… » Samy Ghorbal s’inquiète ensuite de voir qu’il y a de plus en plus de barbus et des voilées ayant choisi un mode de vie en respect avec le choix culturel et religieux de leur pays. À ma connaissance, 99 % des Marocains sont des musulmans, et au Maroc le respect des minorités ou des étrangers n’a jamais fait défaut depuis la nuit des temps. C’est plutôt le contraire : c’est une minorité qui confisque l’avenir de la majorité.
J’ai toujours constaté le refus de l’intelligent de tomber dans ce piège, sauf en ce qui concerne les musulmans. On n’a jamais lu des termes comme « christianiste » ou « catholiciste », etc. Ce que vous appelez barbus et voilées se sont des citoyens qui ont fait un choix libre, le choix des peuples, ça se respecte, démocratiquement parlant.
Ce que vous appelez provocation s’appelle plutôt « devoir de l’opposition » dans un jeu politique démocratique, et personne ne nie que ces « barbus », oh pardon ! ces élus, étaient choisis démocratiquement.
M. Babaharra, Paris, France
Réponse : Ces gens, comme vous dites, ne sont pas mis dans le même sac. Mais ils ont en commun de se référer à l’Islam pour guider leur action politique. Islamiste est le terme usuellement utilisé pour les décrire, ce n’est pas une insulte. Et le mot « provocation » me semble approprié pour qualifier la sortie de Mustapha Ramid quand il s’emporte contre « l’éducation française [du réalisateur Nabil Ayouch], qui n’a rien à voir avec l’éducation marocaine ».
Samy Ghorbal

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