Torah et terrorisme

Depuis deux ans, des groupes juifs ultraorthodoxes multiplient les opérations contre civils et enfants. En toute impunité.

Publié le 24 avril 2003 Lecture : 3 minutes.

Les soldats de Tsahal, on le sait, n’épargnent guère les enfants (palestiniens bien sûr), quitte à se dire, à l’occasion, « désolés » de leur mort et à mener des enquêtes qui n’aboutissent jamais. Les terroristes juifs, quant à eux, n’ont pas de ces faux scrupules. En moins d’un an, leurs cellules clandestines, dans les Territoires occupés, ont, par deux fois, visé délibérément des écoles.
Le 29 avril 2002, à 3 h 30 du matin, trois jeunes colons de l’implantation illégale de Bat Ayin, près d’Hébron, garaient leur véhicule près de l’entrée d’une école de filles musulmane en face de l’hôpital Makassed, dans la Jérusalem arabe, quand survint par hasard une unité mobile de la police que leur manège intrigua. Non sans raison : vérification faite, la voiture se révéla bourrée d’explosifs dont le détonateur était réglé sur 7 h 25, l’heure d’arrivée des élèves, afin de provoquer un massacre. « C’est un miracle qu’elle n’ait pas sauté », devait s’exclamer le juge Reuven Shmiya, chargé de l’enquête. Six « suspects » furent promptement arrêtés, tous membres de formations ultraorthodoxes, dont deux champions de l’extrême droite religieuse : Noam Federman, l’un des dirigeants du parti raciste Kach, officiellement interdit, fondé par le rabbin Meir Kahane, un moment député à la Knesset avant d’être assassiné à New York ; et Menashe Levinger, fils du rabbin Moshe Levinger, patriarche du Goush Emounim (« Bloc de la foi ») et fondateur de la colonie juive d’Hébron, implantée au coeur de cette ville palestinienne.
Et voici que, ce 9 avril, une bombe explosait dans une école de garçons du village de Jebaa, près de Jénine, blessant quinze élèves, dont deux grièvement. Revendiqué au téléphone par un groupe se baptisant « Revanche des enfants », l’origine exacte de l’attentat reste encore à déterminer, mais la piste du terrorisme juif semble la plus probable. Depuis l’opération avortée de Jérusalem-Est, reconnaît le Shin Beth, au moins trois autres bombes, découvertes et désamorcées à temps, ont été « plantées » dans des écoles palestiniennes.
Mais la traque des responsables par ce trop célèbre service de sécurité intérieure se révèle décevante. Certes, un an après l’attentat manqué contre l’école de filles, un nouveau suspect a été arrêté : Tzuriel Amiur, de l’implantation de Givat Adei-Ad, près de Shilo. C’est lui qui aurait préparé pour la cellule de Bat Ayin le dispositif meurtrier composé de deux briquettes explosives de 250 grammes, d’une horloge, d’une pile et d’un détonateur.
Il n’empêche, souligne Jonathan Lis dans Ha’aretz : au cours des deux dernières années, le Shin Beth a échoué à prévenir les attaques commises par les cellules terroristes juives, lesquelles opèrent impunément, presque sans interruption, en Cisjordanie. Selon les meilleures sources, trois cellules différentes sont aujourd’hui actives, dont les opérations se répartissent en deux domaines. Le premier, jusqu’ici le plus meurtrier, concerne les attaques à la mitraillette, menées généralement contre des voitures palestiniennes. Huit Palestiniens, depuis un an, y ont trouvé la mort, beaucoup d’autres étant plus ou moins grièvement blessés. Sur le second front, les terroristes « plantent » des bombes dans les zones palestiniennes les plus peuplées, notamment les écoles. Mais, en dehors du groupe de Bat Ayin, aucun des coupables n’a été arrêté. « Les cellules, explique un responsable de la sécurité, sont le plus souvent composées de deux ou trois membres, généralement des professionnels, formés durant leur service militaire. Ils connaissent les lieux d’embuscade sur les routes de Cisjordanie et savent exactement localiser les forces de sécurité, pour éviter d’être pris. » Et, de fait, ils ne le sont pas. « Il est impossible, avoue une source officielle, de justifier l’incapacité de la « section juive » du Shin Beth à trouver des suspects. »

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