Le Cameroun met fin au gel des prix des carburants

Bloqués depuis six années, les prix du super, du gasoil et du gaz domestique ont été revus à la hausse depuis le 1er juillet, au Cameroun. Le gouvernement envisage d’augmenter les revenus des fonctionnaires ainsi que le salaire minimum et de réduire certaines taxes pour faire passer la pilule.

Le prix des carburants à la pompe augmente au Cameroun. © Rama/Wikimedia Commons

Le prix des carburants à la pompe augmente au Cameroun. © Rama/Wikimedia Commons

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Publié le 2 juillet 2014 Lecture : 3 minutes.

Après avoir gelé les prix des carburants à la pompe six années durant, Paul Biya, qui s’est trouvé « dos au mur » selon le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, cède aux suggestions pressantes du FMI et de la Banque mondiale.

Depuis le 1er juillet, le litre de super coûte 650 F CFA, en hausse de 81 F CFA (+ 14,2%), celui du gasoil s’établit à 600 F CFA, soit une différence de 80 F Cfa (+ 15,4%). Le prix de la bouteille de gaz de 12,5 kg grimpe de 500 F CFA (+ 8,3%), pour atteindre 6500 F CFA. Exception notable, celui du pétrole lampant – abondamment utilisé par les ménages pauvres – se maintient à 350 F CFA.

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Le poste budgétaire dédié aux subventions du carburant a accumulé un déficit de 2 milliards d’euros depuis 2008

Ce réajustement vise à réduire la subvention aux carburants « dans une proportion inférieure à 50% en moyenne » afin d’alléger les finances publiques, a indiqué le porte-parole du gouvernement lors d’une conférence de presse. D’ores et déjà, 157 milliards de F CFA (environ 240 millions d’euros) – soit plus de 70% de l’enveloppe prévue – ont été dépensés au premier semestre de cette année. La perte cumulée selon le gouvernement s’élève à 1 357 milliards (2 milliards d’euros) depuis 2008.

Manque à gagner

Environ 220 milliards de F CFA (soit 335 millions d’euros) ont été provisionnés pour l’exercice en cours, afin de couvrir les manques à gagner – la différence entre le prix du litre à la sortie raffinerie et celui à la pompe – de la Société nationale de raffinage (SONARA). Ses estimations les plus récentes tablent sur une ardoise de plus de 450 milliards F CFA (686 millions d’euros) en fin d’année. Pour sa part, la Banque mondiale n’a eu de cesse de pointer du doigt la sous-estimation du coût de cette subvention dans le budget de l’État camerounais.

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>>> Voir aussi l’enquête de Jeune Afrique – « Subventions : Pourquoi l’Afrique doit s’en débarrasser »

Quoi qu’il en soit, la SONARA se retrouve, selon Issa Tchiroma, « menacée dans sa survie, en raison de la pression exercée sur son équilibre économique et financier ». À ce jour, l’État lui doit près de 300 milliards de F CFA (457 millions d’euros) au titre de ces subventions, alors que ses impayés à l’égard des banques et des fournisseurs avoisinent 550 milliards de F CFA.

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Lire aussi : 

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Augmentation des salaires

Pour faire passer la pilule, Alamine Ousmane Mey, le ministre des Finances, est chargé d’étudier les implications d’une prochaine augmentation des salaires des fonctionnaires, tandis que Grégoire Owona, son homologue du Travail et de la Sécurité sociale, invitera les partenaires sociaux dans les prochains jours pour discuter d’une revalorisation du salaire minimum.

Et pour calmer les conducteurs de véhicules et motos, le gouvernement réduit de moitié, « avec effets immédiats », l’impôt libératoire, la taxe sur le stationnement et celle sur l’essieu.

Contestations

En février 2008, une décision similaire a provoqué une grève des transporteurs, suivie d’émeutes dites « de la faim » ayant paralysé une bonne partie du pays, sur fond de contestation du projet de révision constitutionnelle visant à faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels.

D’où la fébrilité et la frilosité qui habitent le gouvernement en attendant la réaction des syndicats. Désignés par le Premier ministre Philémon Yang pour expliquer aux médias le bien-fondé d’une décision annoncée le 30 juin au soir, Alamine Ousmane Mey et son collègue de l’Eau et de l’Énergie, Basile Atangana Kouna, ont, de source proche du dossier, refilé la patate chaude à Issa Tchiroma.

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