Start-up : les hubs africains cherchent encore leur modèle de réussite
On dénombre 643 hubs sur le continent en 2019, bien plus qu’en 2018, et pourtant 110 hubs ont fermé ces cinq dernières années. La faute le plus souvent à un excès de confiance des start-up dans l’assistance des hubs. L’étude d’AfriLabs et Briter Bridges dresse un panorama riche en enseignements sur le secteur.
« Hub » est un terme anglais signifiant dans son sens premier le moyeu, c’est-à-dire le centre d’une roue permettant le transfert de forces ou d’énergie. Par extension, ce terme s’est élargie à l’entreprise et au commerce pour désigner les lieux d’échanges logistiques, de communication et de transports.
Dans leur étude conjointe intitulée Créer un environnement propice pour permettre aux innovateurs de prospérer, les plateformes AfriLabs et Briter Bridges esquissent un panorama africains des hubs dédiés à l’émergence de start-up. Le concept de hub est ici défini comme un « centre, structure ou réseau facilitant le développement d’un environnement propice l’entrepreneuriat et à l’innovation ».
- Combien sont-ils sur le continent (et où) ?
Considérant la situation à la fin du troisième trimestre 2019, « le nombre de hubs identifiés à travers l’Afrique s’élève à 643, ce qui inclue les espaces de coworking, incubateurs, accélérateurs et autres hubs hybrides affiliés aux gouvernements, universités ou entreprises », indique Dario Giuliani, le fondateur et directeur de Briter Bridges. Il ajoute que 314 structures de ce type avaient été identifiées en 2016, et 442 en 2018.
Les pays qui en concentrent le plus grand nombre en 2019 sont le Nigeria (90), l’Afrique du Sud (78), l’Égypte (56) et le Kenya (50). En Afrique francophone, la Tunisie (36), le Maroc (34), la Côte d’Ivoire (22) et le Mali (17) réunissent selon le rapport le plus de hubs.
- Que font ces hubs ?
Parmi les 643 hubs répertoriés, 92 ont répondu à cette étude menée entre août et octobre 2019. « La majorité du soutien fournit par les hubs consiste en du tutorat et de l’accès à un environnement dynamique où les start-up peuvent dialoguer et apprendre l’une des autres », indique le rapport. Formations, sessions d’entraînement, conseils, installations et matériel sont les principaux services mis à disposition des start-up hébergées.
Selon l’étude 40 % des répondants indiquent fournir aussi un soutien financier aux jeunes pousses. Ce soutien financier s’effectue principalement en prises de participations (30 %), en dons (23 %), ou en placement autres qu’en actions (13 %). Ces fonds peuvent aller jusqu’à 250 000 dollars, mais la grande majorité des aides accordées se situent dans une tranche allant de 1 000 à 5 000 dollars.
- À qui les hubs viennent-ils en aide ?
« Aux secteurs qui tentent d’avoir un impact social fort », indique l’étude, selon laquelle l’éducation, l’impact social, le développement de logiciels informatiques et l’agriculture sont les quatre principaux secteurs récipiendaires d’aides de la part des hubs africains.
Un tiers des 92 managers ayant répondu à l’étude indique que leur structure se concentre principalement sur l’aide aux entrepreneurs africains, 40 % aux jeunes et 27 % aux femmes créatrices d’entreprises.
- Les défis auxquels ils font face ?
110 hubs ont mis la clefs sous la porte, durant les cinq dernières années indique le rapport. Le principal facteur menaçant la pérennité des hubs étant l’accès à des financements fiables et constants. Autres menaces pour la pérennité de ces structures : la difficulté à trouver les investisseurs intéressés pour financer les start-up accompagnées, et le recrutement de personnel suffisamment expérimenté ou qualifié pour leur apporter une réelle plus-value stratégique et commerciale.
En conclusion, les auteurs des l’étude soulignent que ces dernières années sur le continent africain, les hubs ont pu pâtir d’être perçus « à tort », comme étant capables de répondre à l’ensemble des problématiques de l’écosystème des jeunes pousses (croissance, financement, stratégie, évolution des marchés).
Si bien que cette confusion a parfois entraîné un transferts de responsabilités relevant de la société civile, du secteur privé, ou des gouvernements, vers les hubs, alors que ceux-ci n’étaient pas en mesure de les satisfaire.
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