Rachida Benkhelil « La population vieillit très vite »
JEUNE AFRIQUE/L’INTELLIGENT : Comment la démographie évolue-t-elle en Algérie ?
Rachida benkhelil : Nous assistons actuellement à une transition démographique, caractérisée par le net ralentissement du rythme de croissance de la population. Ce ralentissement a induit une profonde modification de la pyramide des âges, avec un rétrécissement de la catégorie des plus jeunes, une augmentation en nombre des classes d’âge adulte et un élargissement progressif des catégories les plus vieilles. Ce dernier phénomène provient du fait que l’espérance de vie est passée de 47 ans en 1962 à 70,7 ans en 2001. En moins de quarante ans, la structure par âge de la population algérienne sera comparable à celle que connaissent les pays européens aujourd’hui.
Comment expliquez-vous cette forte réduction du taux de croissance de la population ?
Le taux de croissance a en effet connu une baisse extrêmement importante. Il était de 1,9 %, en moyenne, entre 1991 et 2001. On comptait 7 enfants par femme au début de 1980, contre 2,5 actuellement. À ce rythme, on devrait atteindre la limite du taux de renouvellement des générations [2,1 enfants par femme, NDLR] vers 2005-2006. Cette baisse s’explique par les effets du développement, par la scolarisation féminine, par le recul de l’âge du mariage et par l’usage de la contraception, qui s’est pratiquement généralisée avec un taux de 64 % en 2000. Il n’y a plus de tabous de ce côté-là.
Quelle en est la conséquence ?
Les personnes âgées de 60 ans et plus représentent déjà 7 % de la population. Avec la baisse de la fécondité et l’élévation de l’espérance de vie, la population va très vite vieillir. En 2025-2030, on sera au niveau européen. Mais c’est déjà une préoccupation, parce qu’il faut prévoir la prise en charge de ces personnes âgées dans le système de santé.
Quel est l’impact sur la politique de santé ?
La priorité est donnée à la santé de la reproduction. L’espérance de vie reste en effet marquée par l’impact de la mortalité infantile. On assiste à une persistance de la mortalité maternelle (117 morts pour 100 000 naissances), qui est au moins dix fois plus élevée que dans les pays développés. Il y a aussi le fait que l’âge moyen du mariage est de plus en plus tardif. Entre 1970 et 2001, il est passé de 18,3 ans à 23,8 ans pour les femmes, et de 27,6 ans à 31,3 ans pour les hommes. Il en résulte des grossesses tardives, qui exposent la mère et l’enfant à plus de risques. Tout cela conduit à améliorer la prise en charge de la natalité, surtout dans les régions du Sud, et, d’une façon générale, à renforcer les activités de contrôle, pour la mère comme pour l’enfant. s Propos recueillis par
La Matinale.
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