Pretoria s’allie à Washington

Un accord de libre-échange entrera en vigueur à la fin de l’année 2004.

Publié le 24 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Thabo Mbeki n’a pas été tendre ces derniers temps envers ses « alliés » américains. Mais, au moment où le chef de l’État sud-africain critiquait férocement l’intervention des États-Unis en Irak, Pretoria et Washington se lançaient dans un mouvement de rapprochement commercial inédit. Rapprochement confirmé, le 8 avril, par le ministre sud-africain du Commerce et de l’Industrie, Alec Erwin.
Depuis le mois d’octobre 2002, on parlait sérieusement d’un projet d’accord de libre-échange (ALE) entre l’union douanière d’Afrique centrale, qui réunit l’Afrique du Sud, le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland (South African Customs Union – Sacu) et les États-Unis. Début avril, les discussions sont passées à la vitesse supérieure puisqu’on annonce pour fin mai le début officiel des négociations. À raison d’entrevues toutes les six à dix semaines, les responsables des deux pays devraient donc mettre sur pied un accord définitif pour la fin 2004.
L’Afrique australe est la partie du continent où les Américains sont le plus engagés commercialement, notamment en raison du poids lourd économique que représente l’Afrique du Sud. Les pays de la Sacu ont déjà pleinement bénéficié du système américain de préférences commerciales (Agoa – African Growth Opportunity Act), lancé en 2000. Grâce à lui, l’Afrique du Sud a vu ses exportations en direction des États-Unis augmenter de plus de 30 % entre 2000 et 2001, tandis que celles du Lesotho, petit pays enclavé, faisaient un bond de 53 %.
Pour les Africains, ce nouvel accord sera encore plus avantageux que l’Agoa, dont le défaut essentiel est d’être à sens unique. Dans la loi américaine qu’est l’Agoa, c’est Washington qui établit la liste des pays bénéficiaires chaque année et décide des produits éligibles aux réductions tarifaires. Avec le futur ALE, les deux parties négocieront point par point les termes d’un échange qui sera dorénavant à double sens. Une fois qu’il sera signé, les conditions d’investissement seront mieux définies que dans le cadre de l’Agoa, qui doit se terminer en 2008.
Du côté américain, les avantages d’un tel accord sont nombreux : il s’agit de concurrencer l’Union européenne sur le continent et de s’assurer des alliés dans la lutte contre le terrorisme. En promouvant le libre-échange, les États-Unis désirent également diffuser leurs idées libérales et créer un réseau de partenaires dont l’économie et la situation politique sont stables.
Les négociations devront s’attaquer à plusieurs points litigieux : l’accès aux médicaments, les subventions agricoles américaines qui pénalisent les agriculteurs africains ou encore l’utilisation obligatoire de certains brevets, qui pourrait se révéler problématique pour l’innovation sud-africaine. Enfin, le pays de Mbeki, bien que résolument libéral, repose encore sur un État fort. Les récentes lois sur le « Black Economic Empowerment », qui permet l’intervention étatique dans la vie des entreprises pour favoriser l’accès des Noirs aux postes de responsabilité, pourraient ne pas plaire aux Américains. s

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