Opération « Mains propres »

Sous l’impulsion du président Bozizé, le nouveau régime s’efforce de récupérer au plus vite les recettes publiques détournées.

Publié le 23 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Les fonctionnaires n’y croyaient plus. Alors que l’administration accuse entre vingt et trente-quatre mois de retard dans le versement des salaires, le nouveau régime a commencé à payer certains des arriérés dus aux agents de l’État. Dans la foulée, le ministre de l’Économie et des Finances, Daniel Nditifei Boyssembe, a même promis que les traitements seraient dorénavant versés chaque mois. Mais pour le restant de la dette, les fonctionnaires attendront.
Pour l’heure, l’équipe d’Abel Goumba tente de mobiliser toutes les ressources qui peuvent l’être. Parmi les premières mesures prises dans ce sens, le gouvernement de transition a annoncé la suspension provisoire des permis forestiers et miniers. Le 8 avril, l’exploitation du bois industriel a été suspendue dans l’attente de la présentation par chaque société des documents légaux concernant son activité. Une semaine plus tard, sur onze sociétés forestières concernées, quatre avaient été autorisées à reprendre leurs activités.
Cette première décision à caractère économique a été suivie d’une opération similaire dans le domaine minier. Le 14 avril, le ministre des Mines et de l’Énergie, le lieutenant Sylvain N’Doutingai, neveu du général Bozizé, suspendait à son tour les permis délivrés par le précédent régime. « Il sera procédé à la levée de cette suspension pour chaque titre minier, après contrôle et vérification de la régularité de leur attribution et de la situation fiscale du bénéficiaire, conformément à la législation minière », a précisé l’autorité de tutelle. Ces mesures de contrôle visent les autorisations personnelles que l’ex-président Patassé délivrait « à titre exceptionnel » à des particuliers ou à des sociétés étrangères, notamment pour l’exploitation du diamant. La presse centrafricaine a largement évoqué ces derniers temps les exportations de pierres précieuses effectuées par René Koffi, ressortissant togolais, beau-frère d’Ange-Félix Patassé et gérant de la société Antwerpen Diamond Centrafrique (ADC SARL).
Dans une récente interview (voir J.A.I. n° 2205), le président autoproclamé François Bozizé estimait que la corruption qui sévit dans le secteur minier faisait perdre à l’État près de 100 milliards de F CFA (150 millions d’euros) par an. Sans parler de chasse aux sorcières, le nouveau régime affiche l’intention de récupérer rapidement les recettes publiques détournées. Outre cette remise en ordre des secteurs minier et forestier, Bangui a annoncé son intention de geler les comptes bancaires de vingt-six anciens ministres, après la décision annoncée le 1er avril par le procureur général d’ouvrir une enquête sur d’éventuels détournement de fonds publics. Le nouveau gouvernement a besoin chaque mois de 2 milliards de F CFA pour payer ses fonctionnaires. Deux milliards qu’il faut trouver coûte que coûte.

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