Les petroeuros ont vécu

L’Opep, sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, renonce à facturer ses barils en monnaie européenne, comme l’avait fait un temps Bagdad.

Publié le 23 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Accédant à la demande du gouvernement irakien, le 24 septembre 2000, les responsables du programme « pétrole contre nourriture » avaient symboliquement accepté de libeller les contrats en euros plus qu’en dollars. Une première dans le système des Nations unies, dont l’unité monétaire est le dollar américain. Montant des recettes engrangées depuis : quelque 25 milliards d’euros. Une bagatelle en regard des réserves mondiales de devises (2 500 milliards de dollars, dont les deux tiers sont détenus en dollars). Mais pour l’ex-régime irakien, la décision était évidemment politique. C’était, selon le communiqué officiel du 24 septembre, « une décision visant à répondre à l’agression américano-sioniste contre l’Irak ».
Aujourd’hui que l’agression est consommée, que reste-t-il du « pétroeuro » irakien ? Rien de significatif. Lorsque les pilleurs ont dévalisé les banques de Bagdad, de Bassora et d’autres villes, ils ont raflé, selon un responsable irakien, 250 000 dollars. Et 0 euro. C’est dire si le régime défunt avait de la suite dans les idées. Au marché parallèle irakien, le billet vert s’échange contre 3 000 dinars, trois fois plus qu’en 1996 et dix mille fois plus que le cours officiel inchangé depuis 1982 (1 dinar = 0,31 dollar). Le futur pouvoir militaire américain est tenté par la dollarisation du pays, même si le département du Trésor affirme officiellement que rien n’a été encore décidé au sujet de la future monnaie nationale irakienne.
Au sein de l’Opep, la question du « pétroeuro » a été évoquée de façon informelle non seulement par le ministre irakien, mais également par ses homologues iranien, libyen et algérien. Ces derniers réalisant l’essentiel de leurs échanges commerciaux avec l’Union européenne, il leur semblait logique de réduire au maximum leurs risques de change en facturant le baril de pétrole en euros. Mais l’opposition de l’Arabie saoudite et des autres émirats du Golfe n’a jamais permis à ce débat d’aboutir. Sans doute pour ne pas heurter les États-Unis. De toute façon, l’impact financier du pétroeuro serait très marginal : environ 500 millions de dollars par jour (pour les onze pays de l’Opep), soit 0,03 % des transactions internationales.

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