Niger-Mali : Mahamadou Issoufou a reçu des chefs touaregs de Kidal
Le président nigérien, qui a plusieurs fois mis en cause le statut de Kidal, qu’il considère comme « une menace » pour son pays, a reçu mardi à Niamey des représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad.
Les clichés pris lundi 25 novembre au palais présidentiel, à Niamey, ont fait le tour des réseaux sociaux. Et pour cause. Sur l’une des photos, Mahamadou Issoufou pose au milieu d’une délégation venue de Kidal, au Mali, dont des représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à l’occasion d’une rencontre organisée au palais présidentiel, à Niamey, à l’initiative du président nigérien. Sur une autre, le chef de l’État sert la main de Mohamed Ag Intalla, secrétaire général du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA, l’un des groupes constituants la CMA).
« Kidal est un sanctuaire pour les terroristes »
En août dernier, dans un entretien à Jeune Afrique, le président nigérien avait pourtant été particulièrement dur envers la CMA, l’un des principaux signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation d’Alger de 2015, qui administre depuis plusieurs années la ville de Kidal.
« Le statut de Kidal, au Mali, nous pose problème. Cette ville est un sanctuaire pour les terroristes, et ceux qui nous attaquent s’y replient souvent. Kidal est une menace pour le Niger et il faut impérativement que l’État malien y reprenne ses droits », avait martelé Mahamadou Issoufou.
Un message qu’il avait répété quelques semaines plus tard, le 7 septembre, à Bamako, où il était reçu par Ibrahim Boubacar Keïta, et qu’il avait encore réitéré le 14 septembre, lors du sommet de la Cedeao à Ouagadougou.
« Petit malheureux incident »
Des accusations que les responsables de la CMA ont toujours réfutées. La rencontre de mardi, à Niamey, aurait permis de mettre fin au « petit malheureux incident » qui est désormais « clos », a assuré un membre de la délégation au site nigérien ActuNiger.
Outre le chef de l’État nigérien et le secrétaire général du HCUA, un chef militaire du même groupe et le Premier ministre nigérien Brigi Rafini étaient également présents. Les responsables touaregs ont séjourné à Niamey « sur invitation du président Issoufou », a assuré une source touarègue à l’Agence France-Presse.
Cette rencontre à fort potentiel symbolique s’est en outre tenue à la veille d’un Conseil national de sécurité, qu’a préside Mahamadou Issoufou.
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, préside ce mardi, 26 novembre 2019, une réunion du Conseil National de Sécurité(CNS): https://t.co/gSlmG3eg2l pic.twitter.com/ToyMpg573c
— Présidence du Niger (@PresidenceNiger) November 26, 2019
Niamey a plusieurs fois joué le rôle de médiateur entre Bamako et les responsables touaregs. En mai 2013, le président Issoufou avait ainsi reçu ensemble des représentants du gouvernement malien et des responsables touaregs du Nord du Mali pour tenter de débloquer la situation à Kidal, occupée par des groupes armés touareg. En mars 2015, Niamey avait également abrité une réunion des responsables touaregs maliens pour les convaincre de signer l’Accord d’Alger, qu’ils refusaient alors de parapher.
Relance du comité de suivi de l’accord de paix
Fin septembre, les responsables de la CMA avaient suspendu leur participation au processus de l’accord de paix, sur fond de tensions croissantes avec le gouvernement. Conséquence, pour la première fois depuis 2015, les travaux du Comité de suivi de l’accord de paix (CSA) ont été suspendus pendant plus de deux mois.
Lundi 25 novembre, à l’issue d’une réunion entre la médiation internationale et le gouvernement, qui s’est tenue au ministère malien des Affaires étrangères, Mahamat Saleh Annadif, chef de la Minusma, a assuré qu’une nouvelle réunion du CSA se tiendrait « dans les plus brefs délais ».
« Nous essayons d’avancer vers une restauration de l’autorité de l’État malien sur toutes les parties du territoire national », a déclaré de son côté le ministre malien des Affaires étrangères, qui a assuré que « les divergences se réduisent » et qu’il y a « une compréhension commune des problèmes ».
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