Banque : BGFI face à Afriland, qui l’emporte ?
D’un côté, le gabonais BGFI. De l’autre, le camerounais Afriland First Bank. Deux stratégies différentes, mais un même but : séduire la clientèle africaine.
Ce sont les deux plus importants groupes bancaires de la région Cemac. Le gabonais BGFI et le camerounais Afriland First Bank ont entamé leur expansion géographique au milieu des années 2000. Mais de leur origine à leur stratégie de développement, tout les distingue. Analyse point par point du profil de ces deux banques aux ambitions panafricaines.
Un positionnement commercial différent
La culture des deux établissements n’est à l’évidence pas la même. Tandis que BGFI puise ses racines dans les actifs de Paribas Gabon – une petite banque à l’époque -, Afriland First Bank est né au Cameroun des caisses coopératives de crédit, un établissement de microfinance, et a développé sa stratégie autour de la bancarisation des entrepreneurs. Mais si BGFI semble vouloir cibler en priorité les moyennes et grandes entreprises, le camerounais se consacre aux petites entreprises et aux particuliers.
Gouvernance : le point noir commun aux deux groupes bancaires.
BGFI a entamé une diversification, non seulement en direction des particuliers, mais aussi dans l’assurance et les services financiers spécialisés – banque d’affaires et société de Bourse notamment. Depuis son rachat de l’assureur Assinco en 2012 et son alliance avec la compagnie d’assurances gabonaise Ogar, BGFI envisage de proposer des produits d’assurance dans ses filiales bancaires afin d’offrir un véritable service de bancassurance. Sur ce plan, Afriland First Bank, qui n’a pas souhaité répondre à notre enquête, ne semble pas avoir adopté de stratégie forte.
La gouvernance, le hic
C’est un peu le point noir des deux groupes. Ces deux dernières années, la banque gabonaise a rencontré plusieurs problèmes dans sa filiale béninoise ainsi qu’au Gabon, son premier marché. Depuis, les équipes de chacun de ces deux établissements ont été remerciées et rapidement remplacées. Mais la banque semble prendre la mesure du travail à accomplir. Henri-Claude Oyima, le PDG de BGFI, explique que, dans son Plan Excellence 2020, destiné à réactiver sa stratégie de croissance, la banque a placé les questions de gouvernance au rang de priorité.
Afriland First Bank paraît plus en retrait sur ces questions. Bien que mis en cause par la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) dans une affaire de mauvaise gouvernance remontant à 2012, Paul Fokam, le fondateur et président du groupe, reste incontournable. Selon un banquier qui connaît l’établissement de l’intérieur, « le travail est loin d’être terminé » sur le plan des ressources humaines, des dirigeants, de la gestion des risques ou des systèmes d’information.
Des implantations en expansion
Les deux groupes jouent à armes égales dans ce domaine. Mais BGFI semble déterminé à reprendre son expansion, qui avait marqué le pas depuis deux ans. Son patron annonce que le groupe a terminé de digérer ses récentes acquisitions. Déjà présent dans huit pays d’Afrique, et au Gabon, sa « zone de marché », la banque souhaite se développer dans ses deux principales zones d’intérêt : l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Une expansion qui pourrait prendre la forme d’acquisitions, contrairement à ce qui a été fait jusque-là.
La politique expansionniste d’Afriland paraît moins cohérente. L’établissement camerounais s’est éparpillé dans de nombreux territoires éloignés les uns des autres, et son objectif – comme son nom l’indique – d’être la « First Bank » de l’Afrique semble déterminer des choix d’implantation plutôt opportunistes.
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« En 2013, seule la filiale équato-guinéenne a rapporté de l’argent, explique un cadre sous le couvert de l’anonymat. Les autres sont capables de gagner de l’argent, mais cela dépend de la qualité des managers recrutés. Paul Fokam ne prend que des personnes proches de lui ; c’est une clique qui se tient. »
Un actionnariat pas toujours clair
La structure actionnariale des deux groupes n’est pas vraiment transparente. BGFI a prospéré largement en raison de sa proximité actionnariale et managériale avec la famille Bongo – notamment la compagnie du Komo, premier groupe privé diversifié du Gabon, proche de la présidence.
Aujourd’hui, la banque affirme ne pas avoir besoin de fonds pour financer son développement, malgré les coûts importants induits par une telle stratégie.
Afriland, qui compte à son capital la très respectable société néerlandaise pour le financement du développement, le FMO, a refusé les avances de nombreux partenaires potentiels – et sérieux -, comme l’agence britannique CDC, qui se consacre aux investissements dans le secteur privé, et la Société financière internationale (IFC).
Afriland First Group, le holding de tête basé à Lausanne, entend conserver la majorité, au risque de manquer de fonds pour la continuité de son expansion panafricaine.
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