Entre nord et sud

Publié le 24 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Quel pays présente un profil sanitaire où 20 % de la population souffre d’hypertension artérielle, où un tiers des décès sont liés à des maladies cardio-vasculaires, où les résultats de greffes de foie avec donneur vivant sont prometteurs et où le paludisme a été éradiqué ?
Ni la France, ni les États-Unis, ni les pays scandinaves en tête du classement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en matière de performances de système sanitaire. Non, il ne s’agit pas d’un pays développé, comme les caractéristiques précitées portent à le croire, mais bel et bien de l’Algérie. Car, contrairement aux pays d’Afrique subsaharienne, l’accession à l’indépendance n’y a pas été synonyme de décrépitude en matière de soins. Le meilleur exemple en est certainement la mise
en place, en 1969, du programme de vaccination élargie. Soit cinq ans avant que l’OMS ne lance cette heureuse initiative à l’échelle mondiale. À croire que l’institution internationale a pris la politique algérienne pour référence
Mais la comparaison avec les pays du Nord, aussi juste soit-elle, s’arrête malheureusement ici. L’Algérie n’a pas connu un développement économique similaire. Pis : son système de santé publique, entre autres, a eu à pâtir d’une douloureuse décennie marquée par le terrorisme. Alors tout est question de manques. De moyens, et donc d’infrastructures, de personnels, qui préfèrent parfois s’installer dans les pays avancés où ils ont été formés… Le pays a matériellement du mal à répondre aux besoins d’une population qui vieillit – 50 % aura plus de 60 ans en 2050. Cette situation fait de l’Algérie, tout comme des autres pays du Maghreb, un cas « à part ». Son profil sanitaire est semblable à ceux des voisins du nord de la Méditerranée, et les difficultés qu’elle rencontre, comme la centralisation des compétences et des moyens dans la capitale, la rapprochent du sud du Sahara.
Ce problème, qui dure depuis quelques années, est bien trop sensible pour trouver son épilogue avant les prochaines échéances électorales de 2004. Mais il ne pourra plus longtemps être occulté. Pour se rapprocher un peu plus des critères de santé du nord de la Méditerranée, le gouvernement va devoir s’engager : acquérir du matériel de haute technologie et le rendre disponible à l’échelle nationale, réussir à limiter l’exode du personnel qualifié, encore trop rare, et se lancer dans la construction d’infrastructures modernes. S’il ne le fait pas, le privé le fera, élargissant ainsi un fossé que l’Algérie avait, grâce à la Sécurité sociale, réussi à ne pas laisser trop se creuser.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires