De la rue à l’école

Publié le 24 avril 2003 Lecture : 1 minute.

Un matin d’octobre 1999, la jeune M.B. tape à la porte de la classe de Mme Thiam, institutrice à l’école Mass-Masser-Niane-2 de Dakar. Envoyée dans la capitale sénégalaise par ses parents vivant en Guinée-Bissau pour apprendre le Coran, elle voulait faire comme ses camarades de quartier : aller tous les matins à l’école française, bien habillée et avec un repas chaud dans le ventre. Aussi a-t-elle entrepris de les suivre, et, comme une grande, a demandé à être admise en classe.
Sa touchante initiative ne pouvait laisser le corps enseignant indifférent. La direction de l’école est entrée en contact avec celui qui était à la fois son tuteur et son maître d’école coranique. Mais elle paraissait trop âgée pour intégrer la classe des débutants. N’ayant pas été déclarée à l’état civil, elle ne possédait pas d’acte de naissance. L’occasion d’en créer un, en lui donnant l’âge nécessaire à son entrée en classe. Aujourd’hui en quatrième année d’étude, où elle dépasse d’une bonne tête tous ses camarades, elle est parmi les plus brillantes.
Dans cette école de Dakar, on compte une vingtaine d’élèves issus du daara du quartier Liberté-1. Les études à l’école française, que les enfants allient à l’apprentissage du Coran, n’ont pas empêché beaucoup d’entre eux de continuer à mendier, du moins pendant les quatre premières années de leur scolarité. « Après les cours, ils enlèvent leurs habits propres, remettent leurs guenilles et s’en vont quémander leur pitance journalière, pour ensuite retourner au daara apprendre le Coran. » À l’école Mass-Masser-Niane, où leur marraine est Mme Thiam, la particularité de ces enfants est d’être tous brillants. Les enseignants ont remarqué que leur mémoire, entraînée par l’apprentissage de nombreux versets, les rend plus performants que leurs camarades.

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