Coup de projecteur sur les maladies oubliées

Des professionnels de la santé s’unissent pour financer des traitements contre la trypanosomiase, la maladie de Chagas et la leishmaniose.

Publié le 24 avril 2003 Lecture : 2 minutes.

Un nouvel espoir est-il permis pour le traitement des « maladies négligées » ? Dans un avenir qu’elle souhaite proche, l’association Drugs for Neglected Diseases initiative (DNDi) pourra peut-être répondre à l’attente des millions de victimes qui sont frappées par des infections oubliées sans que des médicaments adéquats leur soient proposés. La DNDi, qui sera officiellement créée en juillet 2003, aura pour mission de développer de nouvelles thérapeutiques, ou d’améliorer la formulation de celles déjà existantes. Cet organisme indépendant émane de l’association de professionnels de la santé : l’Institut Pasteur, Médecins sans frontières (MSF), l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la Fondation Oswaldo-Cruz du Brésil, le Conseil indien pour la recherche médicale et le ministère de la Santé de Malaisie. Leur point commun ? Ils sont décidés à lutter contre les maladies « sans marché ».
« Chaque année, 400 milliards de dollars sont dépensés pour la recherche et le développement de médicaments principalement destinés à soigner les affections des pays riches, comme l’obésité ou les maladies cardio-vasculaires, alors que les maux qui touchent les régions les plus pauvres sont marginalisés », souligne le professeur Philippe Kourilsky, directeur général de l’Institut Pasteur. Sur les 1 393 médicaments mis sur le marché entre 1975 et 1999, seuls treize (1 %) concernent le traitement d’une maladie tropicale. Pourtant, « dix-sept millions de personnes décèdent tous les ans de ce type d’affection », rappelle Kourilsky. Et d’ajouter que « 90 % des cas sont enregistrés dans les pays du Sud ». Mais compte tenu de leur peu de pouvoir d’achat, ces populations n’intéressent aucun programme industriel.
Dans un premier temps, DNDi a choisi de s’attaquer au traitement de trois maladies : la maladie du sommeil, la maladie de Chagas et la leishmaniose viscérale (voir encadré). Pour ces affections parasitaires, « quasiment aucune nouvelle thérapeutique n’a été découverte depuis quarante ans », estime Yves Champey, directeur du projet. Un appel a été lancé par DNDi auprès de la communauté scientifique internationale, académique et industrielle, pour développer des programmes de recherche afin de mettre au point des médicaments. Les partenaires de cette initiative comptent recourir à des fonds publics (Union européenne, Banque mondiale, OMS…), mais aussi à des dons privés et au grand public. Le budget de lancement, pour deux ans, est de 20 millions de dollars. DNDi estime qu’avec une enveloppe de 250 millions de dollars sur douze ans, six ou sept médicaments pourront être créés. Cette prévision optimiste reste toutefois pour l’heure utopique. La difficulté d’atteindre cet objectif n’échappe pas à certains des promoteurs de l’association, même si d’autres s’en défendent. « Ce serait une profonde modification de l’arsenal thérapeutique, et ce n’est pas parce qu’il n’y a pas encore beaucoup d’argent qu’il ne faut rien entreprendre », s’insurge le docteur Jean-Hervé Bradol, président de la section française de MSF. Résolument positif, le médecin ne semble pas s’alarmer de l’érosion des systèmes de santé dans les pays en développement – autre obstacle aux soins -, notamment ceux du continent africain. « Au milieu des années quatre-vingt, nous avons nettoyé le nord de l’Ouganda de la maladie du sommeil. Nous avons suivi les méthodes utilisées par nos grands-pères lors des grandes campagnes de vaccinations du début du siècle : peu de moyens, mais un personnel local enthousiaste, avec lequel nous avons lutté contre la maladie. » La recette devrait encore fonctionner.

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