Textile : comment tempérer les ardeurs chinoises ?

Publié le 22 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Moins de trois mois après le démantèlement des quotas sur le commerce du textile, plus connus sous le nom d’Accord multifibre, les premiers effets de la libéralisation se font sentir. Les exportations chinoises de vêtements à destination des États-Unis (+ 65,2 %) et de l’Europe (+ 46,5 %) ont explosé en janvier. Washington et Bruxelles partagent la même crainte : les coups de boutoir des entreprises chinoises vont-ils sonner le glas de leurs manufacturiers, déjà en proie à de graves difficultés ?
Selon la Fédération européenne du commerce textile, 165 000 emplois ont été supprimés en 2004. La Coalition des producteurs manufacturiers américains (Amtac) ne dit pas autre chose : le secteur a perdu 373 800 salariés en quatre ans. Depuis janvier, sept nouvelles usines ont fermé entraînant la mise au chômage de 12 000 employés. « La fabrication européenne sera complètement pulvérisée dans le cours de l’année, ou dans les deux ans », prédit le président de la Fédération nationale [française] de l’habillement (FNH), Charles Melcer.
Le Portugal, l’Italie et la France ont fait part de leur inquiétude à la Commission européenne, suggérant l’utilisation des clauses de sauvegarde prévues par les accords internationaux. Mais ils se sont vu répondre de la bouche du commissaire au Commerce qu’il était trop tôt pour prendre de telles dispositions. Peter Mandelson invoque l’intérêt des consommateurs européens et de plusieurs pays membres hostiles à toute démarche protectionniste. La Commission pourrait néanmoins adopter, à Pâques, des lignes directrices qui définiront un « seuil de danger » à partir duquel des mécanismes de protection seraient enclenchés pour enrayer les importations chinoises. Également sommé de réagir par ses industriels, Washington demande du temps et préfère la voie de la consultation avec Pékin avant d’instaurer pareil mécanisme.
En fait, personne ne veut heurter les autorités chinoises à quelques mois de la reprise du cycle de négociations de Doha sur le commerce et le développement. Les officiels de l’empire du Milieu l’ont bien compris. Ils condamnent toute nouvelle tentative visant à rétablir des entraves au commerce des produits textiles et menacent, s’ils n’étaient pas écoutés, d’introduire la question dans les futures discussions de la VIe Conférence ministérielle de l’OMC, qui se tiendra à Hong Kong en décembre 2005.
Mais Pékin tient toutefois à donner des signes d’apaisement et à rassurer ses adversaires commerciaux. Pour éviter la mise en oeuvre de mesures restrictives de la part des États-Unis et de l’Europe, la Chine pourrait instaurer des taxes sur les exportations de vêtements de ses entreprises. Une stratégie doublement payante qui lui permettrait de couper l’herbe sous les pieds de ses concurrents, en choisissant un niveau de contrôle « acceptable » par ses industriels et d’éviter le risque de surchauffe de son économie.

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