[Chronique] L’afrophilie commerciale du patron de Twitter
L’oiseau bleu et le continent noir : depuis sa récente tournée africaine, Jack Dorsey, le PDG de Twitter, ne tarit plus d’éloges sur l’Afrique, où il entend résider. Coup de foudre, mais aussi ambitions monétiques…
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Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.
Publié le 3 décembre 2019 Lecture : 2 minutes.
« Afrique, mon Afrique », terre de contraste entre un maillage insécuritaire qui tétanise les allogènes, et des oasis fascinants pour le caucasien. Il y a quelques années, le couple « Brangelina » souhaitait voir sa progéniture naître en Namibie. Il y a quelques mois, c’est le duc de Sussex qui puisait au Botswana une quiétude compromise à l’ombre de la couronne britannique.
En ce mois de novembre 2019, c’est maintenant un businessman polyvalent qui déclare sa flamme à une Afrique où il se voit déjà résident. Jack Dorsey, le patron du réseau social Twitter, vient d’annoncer (sur son réseau social, évidemment) qu’il vivra « trois à six mois » sur le continent – sans précision géographique – , au cours de l’année 2020.
Sad to be leaving the continent…for now. Africa will define the future (especially the bitcoin one!). Not sure where yet, but I’ll be living here for 3-6 months mid 2020. Grateful I was able to experience a small part. 🌍 pic.twitter.com/9VqgbhCXWd
— jack (@jack) November 27, 2019
Eldorado du bitcoin
Jack Dorsey vient d’achever une tournée en Éthiopie, au Ghana, au Nigeria et en Afrique du Sud. Un périple qu’il a conclu par le partage du standard de jazz afro-cubain « afro-blue » de Ramón « Mongo » Santamaría Rodríguez. À l’instar de Bill Gates, l’un des hommes les plus riches du monde qui arrose le continent de sa bienveillante monnaie, la 343e fortune planétaire est-elle animée par un panaché de culpabilité et d’altruisme ?
Le brillant boss de Twitter ne voit pas l’Afrique comme un simple puits de besoins en mal de charité
Le brillant boss de Twitter ne voit pas l’Afrique comme un simple puits de besoins en mal de charité. L’afro-aficionados lorgne vers l’eldorado des paiements express et dématérialisés. Dans le message où il s’affirmait « triste de quitter le continent », il se déclarait certain que l’Afrique définirait l’avenir, en particulier celui du bitcoin. Dorsey entend faire fructifier la cryptomonnaie… et ses propres affaires.
Concurrence avec Libra de Facebook
Alors que les caritatifs d’un jour rencontrent des orphelins ou des réfugiés bons clients de selfies dégoulinant de pathos, le PDG de Twitter s’est affiché avec de jeunes entrepreneurs, entre une retraite méditative et une découverte artistique. Si le bitcoin suscite bien des réserves des économistes « autorisés » – cours versatile, encadrement institutionnel squelettique et aubaine pour terroristes – , la monnaie virtuelle titille la fibre entrepreneuriale de Jack Dorsey.
En 2011, au moment où le concurrent Facebook fantasmait « Libra », qu’il promet opérationnelle pour 2020, le patron de la firme au célèbre oiseau bleu créait une start-up de paiement électronique dénommée « Square » – accompagnée de sa filiale « Square Crypto », qui vise à renforcer l’écosystème bitcoin. Or, l’Afrique apparaît comme la nouvelle frontière de cette option monétaire… et de Twitter. En 2015 déjà, 1,6 milliards de tweets ont été publiés en Afrique, selon le cabinet britannique Portland…
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