« À louer, résidences d’exception »

Publié le 21 mars 2005 Lecture : 2 minutes.

Où y a-t-il pléthore de candidats qui se pressent pour répondre à une annonce immobilière dont on pourrait imaginer qu’elle est rédigée ainsi : « De particulier à particulier. Pour tout ou partie du mois de juillet 2005 (selon négociations en cours). Loue maisonnette sans charme et sans confort promise à destruction prochaine. Séj., 4 ou 5 chambres, vue imprenable sur tas de cailloux. Coupures d’eau et d’électricité à prévoir. Vacarme garanti, particulièrement la nuit. Tous commerces fermés. Accès à la plage interdit par clôtures barbelées. Gaz lacrymogènes sur simple demande aux autorités. 4 000 dollars par semaine, payables d’avance » ? C’est à Goush Katif, dans la bande de Gaza, qu’on s’arrache d’ores et déjà semblables locations, qui n’ont pourtant rien pour faire rêver les vacanciers. La raison : on estime à plus de 3 500 le nombre des envoyés spéciaux de la presse et des télévisions internationales qui vont accourir l’été prochain en Israël pour « couvrir » l’évacuation des 7 500 colons décidée par le gouvernement d’Ariel Sharon.
Compte tenu de la volonté de résistance affichée par les occupants de ces colonies, l’opération risque d’être assez mouvementée, et le commandement de l’armée israélienne évoque désormais des mesures « d’ouverture contrôlée » à la presse qui permettront à ses forces d’agir à leur guise, sans se trouver sous les projecteurs du monde entier. En d’autres termes, il est de plus en plus probable que l’ensemble des implantations sera déclaré « zone militaire fermée » et que les conditions de travail imposées aux médias seront similaires à celles qu’ils doivent subir à Bagdad. Résultat : pour être sûrs de pouvoir assurer leurs reportages, des centaines de petits malins prennent dès maintenant leurs précautions en réservant leur villégiature estivale sur les lieux mêmes des expulsions à venir. Eux-mêmes ne se montrent pas trop regardants sur la qualité des logements qui leur sont proposés par ceux des colons qui se sont résignés à partir après avoir monnayé leur retrait au mieux de leurs intérêts. Mais comme, jusqu’ici, seule une petite minorité des occupants actuels a accepté de baisser les bras, la demande de résidences excède largement l’offre, et les prix flambent !

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