Algérie : le ministre de l’Intérieur traite les opposants à la présidentielle de « traîtres » et « d’homosexuels »
Le ministre algérien de l’Intérieur, Salah Eddine Dahmoune, s’en est pris violemment mardi aux opposants à la présidentielle contestée du 12 décembre en Algérie, qu’il a traités de « traîtres, mercenaires, homosexuels » inféodés aux « colonialistes ».
Diffusés par des chaînes de télévision privées, les propos du ministre, qui s’exprimait devant le Conseil de la nation, la chambre haute du Parlement, ont été immédiatement et largement relayés sur les réseaux sociaux, où ils suscitent des réactions très majoritairement scandalisées.
Je suis scandalisé par ce dérapage inqualifiable du ministre de l’intérieur qui verse dans l'insulte et la vulgarité , provoque la population et alimente par sa bêtise la radicalisation des positions au moment où le pays a le plus besoin d'un discours d’apaisement et de raison
— Abdelaziz Rahabi (@AbdelazizRahabi) December 3, 2019
« Aujourd’hui, il subsiste une pensée colonialiste qui utilise une partie des Algériens ou plutôt pseudo-Algériens, des traîtres, des mercenaires, des homosexuels. Nous les connaissons. Ces derniers se sont rangés derrière ces gens-là. Ils ne sont pas avec nous et nous ne sommes pas avec eux », a déclaré le ministre, sans nommer explicitement ceux qu’ils visent.
« Combattre la France coloniale »
Il a ensuite cité des écrit de Cheikh Bouamama et d’Abdelhamid Ibn Badis, nationalistes algériens des XIXe et XXe siècles, appelant à combattre la France coloniale, ajoutant : « Nous devons être unis et donner une leçon le 12 décembre pour démontrer l’unité du peuple algérien et protéger notre indépendance. »
https://www.youtube.com/watch?v=oqj7w5b4WKg
La présidentielle du 12 décembre doit élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril par un mouvement populaire de contestation inédit du régime, qui revendique désormais le démantèlement total du « système » au pouvoir depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Le Hirak et une très large partie de la population s’opposent à la tenue de la présidentielle, perçue comme organisée pour assurer la survie du « système », dont sont issus les cinq candidats.
Plusieurs sites d’informations en ligne ont dénoncé un « grave dérapage du ministre », des « propos surréalistes » ou « indignes ».
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...