Algérie : ce qu’il est reproché aux accusés du procès Ouyahia-Sellal

Après un premier report lundi, le procès pour corruption présumée des deux ex-Premiers ministres, de plusieurs ministres et hommes d’affaires a repris mercredi 4 décembre. Une procédure judiciaire lourde de symboles, à quelques jours de l’élection présidentielle qui doit donner un successeur à Abdelaziz Bouteflika.

Lundi 2 décembre, presque tous les journaux algériens titraient sur l’ouverture du procès (finalement reportée de 48h). © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Lundi 2 décembre, presque tous les journaux algériens titraient sur l’ouverture du procès (finalement reportée de 48h). © Fateh Guidoum/AP/SIPA

Publié le 4 décembre 2019 Lecture : 5 minutes.

Plusieurs personnalités politiques et hommes d’affaires emblématiques des vingt ans de règne de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika sont jugés devant le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger. Aux côtés des deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal comparaissent également quatre hommes d’affaires, à savoir Hassen Arbaoui, PDG de Global Group et propriétaire de l’usine Glovis/Kia, Ahmed Mazouz, président du groupe familial éponyme, Mohamed Baïri, patron de la société Ival, ainsi qu’Ali Haddad, ex-président du Forum des chefs d’entreprises (FCE).

La corruption a entaché les mandats successifs d’Abdelaziz Bouteflika, favorisée par la hausse historique des prix du pétrole et l’explosion des importations. Depuis la démission forcée de l’intéressé le 2 avril, la justice a lancé plusieurs enquêtes et placé en détention provisoire de puissantes figures emblématiques du régime, soupçonnées d’avoir profité de leurs postes et de leur proximité avec le chef de l’État déchu pour s’enrichir.

Cinq anciens membres du gouvernement, à savoir trois ex-ministres de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb (en fuite), Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda, l’ex-ministre des Travaux publics Adelghani Zâalane, ainsi que Nouria Zerhouni, ex-wali de Tipaza, sont également sur le banc des accusés pour « corruption, abus de fonction à l’effet d’octroi d’avantages à autrui en violation de la réglementation ».

« Généralisation de la corruption »

Est-ce si surprenant que certains, comme Ahmed Ouyahia, soient rattrapés par des histoires de passe-droits et de corruption ? En effet, l’homme en question n’a jamais fait mystère de sa proximité avec des businessmen liés au pouvoir. « Ouyahia était même partie prenante du projet de généralisation de la corruption pour renforcer l’assise de Bouteflika, dans lequel ont été impliqués plusieurs ministres », confirme un ancien chef de cabinet du Premier ministère.

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